Québec imposera une loi spéciale
Pierre Moreau doute de la bonne foi du syndicat des juristes, qui sont en grève depuis 18 semaines
Le gouvernement Couillard se dit prêt à adopter une loi spéciale dès demain pour forcer le retour au travail des juristes de l’état en grève depuis 18 semaines.
L’intention du gouvernement a été annoncée hier, en fin d’après-midi, par le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, dans la foulée de l’échec d’une tentative de rencontre plus tôt dans la journée entre les représentants du syndicat des juristes, LANEQ (Les avocats et notaires de l’état québécois), et les négociateurs du gouvernement.
Après avoir évalué le dossier, le ministre Moreau a expliqué que le gouvernement veut toujours «une entente négociée avec les juristes à l’intérieur des paramètres financiers du gouvernement», mais qu’il doute de la bonne foi du syndicat. Il a donc recommandé l’adoption d’une loi spéciale, ajoutant que le premier ministre avait signé une lettre en après-midi hier pour que les membres de l’assemblée nationale soient convoqués à cette fin demain en fin de journée.
OFFRE FINALE
Les représentants de LANEQ ont été dans l’impossibilité de se présenter à une rencontre avec les négociateurs du gouvernement, qu’ils avaient pourtant réclamée la veille, pour discuter des derniers développements dans leur dossier.
Jeudi, le gouvernement avait soumis à LANEQ une offre globale et finale et le ministre Moreau avait laissé 24 heures à l’association syndicale pour signifier sa réponse. Selon le ministre, l’offre accorde au bout de quatre ans une rémunération globale semblable à celle des procureurs de la Couronne avec lesquels les juristes veulent obtenir la parité. Vendredi, le syndicat a répondu qu’il allait présenter une contre-proposition, tout en réclamant une rencontre avec les négociateurs gouvernementaux.
« Imaginez le moral de ces juristes quand ils retourneront à leur bureau à cause de la loi spéciale ! »
« C'est inacceptable (la loi spéciale) » — Me Lu Chan Khuong, ex-bâtonnière du Québec
LANEQ PAS DISPONIBLE
La rencontre, autorisée par M. Moreau, devait avoir lieu à 13 h hier, a souligné celui-ci durant sa conférence de presse. Les représentants de LANEQ n’étaient pas disponibles, a-t-il ajouté, affirmant que «48 heures après l’offre globale et finale, je constate qu’une entente négociée n’est pas possible».
«Je comprends qu’ils refusent notre offre globale et finale, mais qu’ils ne nous en informent pas», a déploré le ministre.
Le ministre Moreau a ajouté hier qu’il est toujours prêt à discuter et à trouver une solution d’ici demain, pourvu que le syndicat ne demande que des «ajustements à la marge» et non des modifications trop importantes à son offre globale et finale.
De son côté, en fin d’après-midi, hier, LANEQ a indiqué qu’elle avait «proposé au gouvernement de nous laisser la journée de samedi (hier) pour finaliser notre contre-proposition et la présenter ce dimanche à 13 h». «Nous souhaitons pouvoir exercer notre droit constitutionnel de négocier dans des conditions acceptables», a déclaré Me Jean Denis, président de LANEQ.
En soirée, hier, LANEQ a annoncé qu’il y aura une rencontre de négociation entre les parties aujourd’hui à 13 h, malgré l’annonce du ministre Moreau concernant une loi spéciale.
« C'est une très mauvaise nouvelle, le gouvernement impose un important recul aux juristes de l'état en terme salarial »
« Les juristes de l'état ont fait preuve de courage, ça va laisser des traces » — Me Marc Bellemare, ancien ministre de la Justice