En colère parce que Desjardins n’a pas su détecter une arnaque
Un couple d’octogénaires dépouillé de 50 000 $ en moins de deux mois
La famille d’un couple d’octogénaires de Chicoutimi, qui s’est fait frauder pour plus de 50 000 $, déplore que la caisse Desjardins ne soit pas intervenue auprès des victimes, alors que 155 transactions ont été effectuées dans leurs comptes en moins de deux mois.
Les fraudeurs, Jonathan Bergeron et sa conjointe Sylvie Petitpas, ont depuis fait face à la justice. L’homme de 33 ans a été condamné à 22 mois de prison, alors que sa complice, âgée de 35 ans, a plaidé coupable la semaine dernière. Elle recevra sa peine le 10 mai prochain.
Les faits remontent à l’été 2015, alors que les accusés ont gagné la confiance du couple en lui rendant plusieurs services, pour finalement mettre la main sur ses cartes de débit. «Il [Jonathan Bergeron] me conduisait à l’épicerie, à la caisse, puisque mon mari ne pouvait plus conduire. Je voulais aller au comptoir [à la caisse Desjardins] pour mettre mes livrets à jour, mais il insistait pour aller au guichet automatique. Il disait qu’il y avait trop de monde», raconte Pâquerette Desgagnés, âgée de 84 ans, précisant que c’est ainsi qu’il a réussi à obtenir son NIP.
«Il a pris mon portefeuille dans ma bourse, mais je n’en ai jamais eu connaissance», ajoute celle qui doit maintenant se sortir seule de ce cauchemar, puisque son mari, Maurice Lavoie, est décédé en décembre dernier, à l’âge de 90 ans, des suites d’un cancer.
Le couple ne possédait pas de carte de crédit, ce qui a empêché les fraudeurs de s’en procurer une à leurs noms. Ils ont toutefois fait 11 demandes en ce sens, toutes refusées.
LA GROSSE VIE
Selon la preuve déposée en cour, Bergeron et Petitpas ont vécu «la grosse vie» aux frais du couple âgé en jouant aux machines à poker, en se couvrant de bijoux pour près de 8000 $, dont un diamant en ornement sur une dent, en achetant une voiture, en plus de soirées arrosées dans différents établissements de la région de Saguenay. Résultat: une facture de plus 51 000 $.
Une situation qui est «totalement inacceptable» pour la fille du couple, qui estime qu’aucune de ces dépenses ne correspondait au rythme de vie de ses parents. «Ce n’est pas normal que des personnes âgées qui ne font presque pas de retraits demandent soudainement de sortir 4000 $ par jour et fassent plein de transactions comme ça», estime Céline Lavoie.
«Aucun employé n’a communiqué avec elle pour lui demander ce qu’il se passait», critique-t-elle, très inquiète pour sa mère, qui a aujourd’hui du mal à boucler les fins de mois.
DIFFICILE À PRÉVENIR
Chez Desjardins, on ne peut confirmer s’il y a eu ou non intervention dans ce dossier. Selon le porte-parole de l’institution financière, il est difficile pour un employé d’intervenir dans de telles situations.
«C’est un cas très malheureux. Il faut continuer de véhiculer le message aux personnes âgées de ne pas confier leurs affaires à une tierce personne», a indiqué le porte-parole André Chapleau, ajoutant que des formations sont données aux employés pour les sensibiliser aux fraudes chez les personnes âgées.