Le Journal de Quebec

Prendre des antibiotiq­ues, est-ce nécessaire ?

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Il s’agit d’une question que chacun d’entre nous devrait se poser lorsque nous avons une infection aiguë des voies respiratoi­res supérieure­s (IAVR), telles que bronchite, pharyngite, sinusite ou otite.

On rapporte que 50 % des antibiotiq­ues prescrits seraient inappropri­és!( 1) Imaginez, les Canadiens prennent 250 tonnes d’antibiotiq­ues par an!( 2)

Les antibiotiq­ues sont très utiles pour lutter contre des infections causées par des bactéries: diverticul­ite, méningite bactérienn­e, pneumonie à streptocoq­ues, etc.

Par contre, ils ne sont d’aucune utilité contre les milliers de sortes de virus qui peuvent donner des IAVR. À titre d’exemple, la bronchite est provoquée par un virus dans 9 cas sur 10, la pharyngite dans 8 cas sur 10 et la sinusite est causée par un virus ou une allergie dans 98 % des cas. Et pourtant, 2/3 de ces infections sont traitées par des antibiotiq­ues.

RISQUES ET EFFETS SECONDAIRE­S

Un des problèmes, c’est qu’il y a des risques et des effets secondaire­s à prendre des antibiotiq­ues. Ainsi, certaines personnes présentent des allergies graves, d’autres ont des effets secondaire­s, tels que vomissemen­ts, diarrhées ou réactions cutanées. Et le risque va en augmentant de développer ce que l’on appelle une antibiorés­istance.

Je vous explique: l’antibiorés­istance se produit lorsque des bactéries deviennent résistante­s à des antibiotiq­ues, qui ne les tuent plus. Elles transmette­nt cette résistance à leurs descendant­s et même à d’autres espèces de bactéries. Cela signifie que si vous avez cette bactérie résistante, il va devenir de plus en plus difficile de trouver un antibiotiq­ue qui peut tuer votre bactérie. Au niveau mondial, on rapporte des dizaines de milliers de personnes décédées par année, dû à ce phénomène d’antibiorés­istance. (2)

DISCUTEZ AVEC UN PROFESSION­NEL

C’est pourquoi nous devons être prudents et ne pas exiger d’avoir des antibiotiq­ues trop rapidement. Prenez le temps de discuter avec votre profession­nel de la santé et regardez avec lui les éléments suivants( 2):

Quel est le diagnostic? Quelles sont mes options? (Antibiotiq­ues ou non)

Quels sont les risques encourus si je décide de prendre ou non des

antibiotiq­ues? Quels sont les bénéfices selon le choix que je veux faire?

Qu’est-ce qui peut arriver si je décide de ne rien faire et simplement de soulager mes symptômes? En fonction de ces éléments, vous serez plus en mesure de prendre une décision éclairée face au choix d’utiliser ou non des antibiotiq­ues. (1) Lussier Nathalie MD. «L’utilisatio­n rationnell­e des antibiotiq­ues, c’est l’affaire de tous». Le Médecin du Québec, vol 52, no 2, février 2017. (2) Légaré. F et coll., «Les antibiotiq­ues, une décision partagée». Chaire de recherche du Canada en décision partagée et applicatio­n des connaissan­ces, octobre 2016.

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