Le Journal de Quebec

Cancer : des patients de la Côte-nord plongés dans l’incertitud­e 630 KILOMÈTRES POUR Des TRAITEMENT­S De CHIMIO

Des cancéreux de Baie-comeau pourraient devoir se faire traiter à Saguenay

- EMY-JANE DÉRY

BAIE-COMEAU | Plusieurs centaines de patients de la Côte-nord atteints de cancer pourraient être obligés de faire 630 kilomètres de route pour recevoir leur traitement de chimiothér­apie, craignent des médecins spécialist­es.

Les patients reçoivent actuelleme­nt leur traitement à Baie-comeau puisque les hémato-oncologues de Rimouski, qui sont responsabl­es de leur dossier depuis 25 ans, se rendent sur la Côte-nord toutes les trois semaines pour les suivre.

Le reste du temps, les médecins généralist­es de Baie-comeau leur administre­nt leur chimiothér­apie sous la supervisio­n des spécialist­es à distance.

Mais en raison du projet Optilab, qui vise à réduire le nombre de laboratoir­es de biologie médicale de 500 à 11 au Québec, les analyses de laboratoir­e de ces patients seront transférée­s à l’hôpital de Chicoutimi. Les patients devront donc changer de spécialist­es et être suivis à Chicoutimi, une ville située à 315 kilomètres de Baie-comeau.

Or, rien ne garantit actuelleme­nt que les hémato-oncologues de Saguenay iront voir leurs patients sur la Côte-nord. Les hémato-oncologues de Rimouski craignent que ce soit plutôt les patients qui devront se rendre à Saguenay, parfois chaque semaine. Le transfert est prévu dans deux mois.

« PAS DE CONTRÔLE »

«Tout ce qu’on peut espérer, c’est qu’ils conservent le modèle et qu’ils continuero­nt de se déplacer au lieu de faire déplacer le patient, ce qui n’est présenteme­nt pas dans leur culture de travail», a dit la Dre Gabrielle Gagnon, chef du service d’hématologi­e pour la Gaspésie et le Bas-saint-laurent. «On n’a pas de contrôle là-dessus, on n’a reçu aucune garantie», a-t-elle affirmé.

De son côté, le CIUSSS du Saguenay-lacSaint-jean, de qui relève l’hôpital de Chicoutimi, a indiqué ne pas pouvoir confir- mer que les patients n’auront pas à faire la route.

PATIENTS ANXIEUX

Devant cette incertitud­e, la Dre Gagnon craint le pire pour certains des malades.

«Je pense sincèremen­t que s’ils ont besoin de se déplacer jusqu’au Saguenay pour recevoir leur chimio, certains patients vont décider de ne pas la prendre», a-t-elle dit.

Le groupe d’hémato-oncologues de l’est-du-québec déplore aussi le stress que ce changement impose aux patients.

«Nos dernières visites à BaieComeau étaient très émotives. Des patients ont pleuré, car il y en a à qui ça amène un niveau de stress assez important de savoir qu’ils devront changer d’équipe. Ils s’en vont vers l’inconnu et ils sont inquiets», a-telle dit.

Questionné sur la situation, le cabinet du ministre de la Santé Gaétan Barrette n’a pas encore répondu à nos questions.

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L’hôpital de Chicoutimi, où des patients de la Côte-nord pourraient devoir se déplacer pour leurs traitement­s contre le cancer. BAIE-COMEAU 315 km CHICOUTIMI
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gabrielle gagnon Hémato-oncologue

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