Québec se prive de millions de dollars
Selon un pharmacien, L’INESSS tarde à approuver des médicaments biosimilaires moins coûteux
Le Québec se prive de millions de dollars en retardant l’approbation de médicaments biosimilaires qui coûtent jusqu’à 50 % moins cher que les molécules biologiques de référence, déplore un pharmacien en établissement de santé.
«Le ministère de la Santé et L’INESSS (Institut national d’excellence en santé et en services sociaux) sont en train de perdre des opportunités intéressantes. Le biosimilaire du Remicade, l’inflectra, est disponible depuis deux ans au Canada. Or, L’INESSS vient seulement de l’approuver. En 2016, juste pour ce médicament, Québec a raté l’occasion d’économiser près de 120 millions $. C’est énormément d’argent», s’insurge ce pharmacien qui a requis l’anonymat.
Selon ses calculs, pour l’année en cours, l’approbation de quatre biosimilaires générerait des économies potentielles de 235 millions $ pour les Québécois, les assureurs et le gouvernement. Ces sommes permettraient l’accès à des traitements novateurs plus onéreux, opine-t-il.
Fabriqués à partir d’organismes vivants, les médicaments biosimilaires sont sur le marché depuis 10 ans en Europe, où l’on retrouve plus d’une vingtaine de ces produits semblables aux molécules biologiques d’origine.
DÉLAIS AU QUÉBEC
Au Québec, seuls deux biosimilaires sont inscrits sur la liste de L’INESSS, soit l’inflectra pour traiter la polyarthrite rhumatoïde et l’omnitrope, une hormone de croissance. Accessible au Canada depuis septembre 2016 pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, le Brenzys est quant à lui toujours à l’étude à L’INESSS.
«L’INESSS a refusé d’approuver le Grastofil (utilisé en oncologie), alors que l’ontario et la Saskatchewan le remboursent. Le Grastofil coûte 30 % moins cher que le médicament biologique de référence, le Neupogen, ce qui représente des économies potentielles de 25 millions $ par an», illustre ce pharmacien.
Selon l’attachée de presse du ministre Barrette, Julie White, L’INESSS a jugé que le Grastofil ne satisfaisait pas «aux critères de valeur thérapeutique».
« PROCESSUS RIGOUREUX »
Le président de l’association des pharmaciens des établissements de santé du Québec, François Paradis, considère que L’INESSS suit un processus très rigoureux pour s’assurer de l’efficacité et l’innocuité de tous les médicaments, incluant les biosimilaires.
«L’INESSS fait un très bon travail. Quant à savoir s’il a les ressources nécessaires pour évaluer les médicaments dans les délais raisonnables, cela relève du ministère de la Santé. Des efforts ont été faits dans les derniers mois pour accélérer l’analyse de tous les médicaments», affirme M. Paradis.