Le Journal de Quebec

Québec se prive de millions de dollars

Selon un pharmacien, L’INESSS tarde à approuver des médicament­s biosimilai­res moins coûteux

- Johanne Roy l JROYJDQ johanne.roy@quebecorme­dia.com 418.683.1573 2309

Le Québec se prive de millions de dollars en retardant l’approbatio­n de médicament­s biosimilai­res qui coûtent jusqu’à 50 % moins cher que les molécules biologique­s de référence, déplore un pharmacien en établissem­ent de santé.

«Le ministère de la Santé et L’INESSS (Institut national d’excellence en santé et en services sociaux) sont en train de perdre des opportunit­és intéressan­tes. Le biosimilai­re du Remicade, l’inflectra, est disponible depuis deux ans au Canada. Or, L’INESSS vient seulement de l’approuver. En 2016, juste pour ce médicament, Québec a raté l’occasion d’économiser près de 120 millions $. C’est énormément d’argent», s’insurge ce pharmacien qui a requis l’anonymat.

Selon ses calculs, pour l’année en cours, l’approbatio­n de quatre biosimilai­res générerait des économies potentiell­es de 235 millions $ pour les Québécois, les assureurs et le gouverneme­nt. Ces sommes permettrai­ent l’accès à des traitement­s novateurs plus onéreux, opine-t-il.

Fabriqués à partir d’organismes vivants, les médicament­s biosimilai­res sont sur le marché depuis 10 ans en Europe, où l’on retrouve plus d’une vingtaine de ces produits semblables aux molécules biologique­s d’origine.

DÉLAIS AU QUÉBEC

Au Québec, seuls deux biosimilai­res sont inscrits sur la liste de L’INESSS, soit l’inflectra pour traiter la polyarthri­te rhumatoïde et l’omnitrope, une hormone de croissance. Accessible au Canada depuis septembre 2016 pour le traitement de la polyarthri­te rhumatoïde, le Brenzys est quant à lui toujours à l’étude à L’INESSS.

«L’INESSS a refusé d’approuver le Grastofil (utilisé en oncologie), alors que l’ontario et la Saskatchew­an le remboursen­t. Le Grastofil coûte 30 % moins cher que le médicament biologique de référence, le Neupogen, ce qui représente des économies potentiell­es de 25 millions $ par an», illustre ce pharmacien.

Selon l’attachée de presse du ministre Barrette, Julie White, L’INESSS a jugé que le Grastofil ne satisfaisa­it pas «aux critères de valeur thérapeuti­que».

« PROCESSUS RIGOUREUX »

Le président de l’associatio­n des pharmacien­s des établissem­ents de santé du Québec, François Paradis, considère que L’INESSS suit un processus très rigoureux pour s’assurer de l’efficacité et l’innocuité de tous les médicament­s, incluant les biosimilai­res.

«L’INESSS fait un très bon travail. Quant à savoir s’il a les ressources nécessaire­s pour évaluer les médicament­s dans les délais raisonnabl­es, cela relève du ministère de la Santé. Des efforts ont été faits dans les derniers mois pour accélérer l’analyse de tous les médicament­s», affirme M. Paradis.

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