Un chef à l’aubainerie…
Des ambitieux nous la jouent en dragons à la télé, mais les vrais riches sont généralement plus discrets que les lézards, surtout au Québec.
Ce qui indique la naïveté (et le dogmatisme) des manifestants qui réclament presque chaque semaine sur RDI un «partage» de la richesse.
Chez nous, la chasse aux riches est ouverte depuis si longtemps que le gibier se fait de plus en plus rare.
C’est pourquoi Loto-québec cherche à attirer les flambeurs internationaux au casino de Montréal. Il n’y a pas d’autres raisons. Et ainsi assume-t-on notre statut de «sanctuaire» de l’arnaque!
On fait le pari du succès en allongeant onze millions pour mettre aux chaudrons un grand chef français. Ça nous donne un air colonisé, mais n’est-ce pas celui qui nous convient?
Il ne faut cependant pas savoir ce qu’est la vie des gens riches pour croire qu’on viendra de Shanghaï, de Londres ou de Hong Kong pour échouer sur l’île Notre-dame.
CHIENS SAVANTS
Quand on a vu le casino de MonteCarlo, son port et sa faune superbe, on imagine aisément la répulsion qu’un parieur de haut vol ressentira aux abords d’un bassin olympique stagnant.
Ici, honni soit qui pense au fric… Les riches ont appris à se faire voir ailleurs et laissent le tapis rouge à des vedettes de moindre dimension…
Carlos Leitao, le professeur Tournesol des Finances, évoque «l’ouverture à la diversité» pour justifier les millions mis aux pieds du réputé gastronome pour amener les flambeurs à l’aubainerie du paquet voleur.
Le chef Robuchon servira alors des repas raffinés que les Québécois ne pourront s’offrir, mais parions que ce sera un véritable bonheur pour l’estomac expérimenté des gestionnaires de Loto-québec.
On ignore toutefois si, pour soutenir l’esprit de contrition qui habite le Québec actuellement, on a prévu un menu halal. Le casino d’une ville «sanctuaire» doit pouvoir s’ouvrir à la semoule.
LES PAUVRES
Enfin bref, la réalité est telle qu’il faut attirer plus de riches aux tables de poker, les leurrer avec des menus extravagants, parce que les pauvres ne suffisent plus…
Bingo, kinzo, loteries, les perdants congénitaux ne permettent plus de dégager les profits nécessaires à payer les régiments de bienheureux affectés aux 802 programmes offerts par notre incontinent gouvernement.
De Charlevoix à Gatineau, les pauvres s’épuisent au vidéopoker et la classe moyenne gratte ses loteries à s’en user les ongles... Ils perdent évidemment, comme le prévoient les simulateurs de Loto-québec, mais ça ne suffit pas…
Ah ! Bien sûr qu’ils suscitent l’envie et le ressentiment, les capitalistes, avec leur succès, leur élégance et leurs dollars ostentatoires. Mais, sans eux, ne risquerait-on pas de mettre en péril les joyaux de la civilisation moderne: la Commission de toponymie, le Conseil du statut de la femme, la Régie des installations olympiques…
On voudrait bien croire, évidemment, à la portée infinie de l’économie sociale, mais un État ne tiendra jamais sur un nuage…