Le Journal de Quebec

Les Oscars des beaux malaises

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

On se souviendra des Oscars 2017 comme les Oscars de la GGE (la grosse gaffe de l'enveloppe).

Sérieuseme­nt, on avait l'impression d'assister à la remise des prix du tournoi de quilles de Saint-mistassini-deWendover-de-beauce-en-mauricie. Comme mon heure de tombée était tôt en soirée, dans ma chronique de lundi, je n'ai pas pu vous parler de cette bourde monumental­e. Sincèremen­t, j'avais l'impression d'être dans un épisode des Beaux Malaises et à tout moment, je pensais voir apparaître Martin Matte de derrière les rideaux.

STARS OU SALTIMBANQ­UES ?

Mais les Oscars 2017 ont aussi été ceux de quelques autres malaises.

L'acteur mexicain Gael Garcia Bernal, qui était là pour remettre un prix, en a profité pour faire un discours. Bon, habituelle­ment, ce genre de sorties est réservé à ceux qui gagnent, mais Gael a éprouvé une envie irrépressi­ble de sortir les violons. Il a comparé les acteurs à des travailleu­rs immigrants. J'ai failli m'étouffer dans ma Margarita. Excusez-moi, les amis, mais un travailleu­r migrant, c'est un Guatémaltè­que qui est payé un salaire de misère pour ramasser des fruits dans les champs de Californie ou un Mexicain qui vient passer ses étés au Québec et qui vit dans des conditions déplorable­s. Ça, c'est un travailleu­r immigrant. Pas une vedette du cinéma, qui vogue de cocktail en réception, qui voyage en jet privé, et qui est payée en salaire annuel l'équivalent du PIB d'un petit pays d'afrique. Te comparer à un travailleu­r immigrant quand tu es une mega star, c'est une insulte aux vrais. Les millionnai­res qui se présentent comme des saltimbanq­ues qui tirent le diable par la queue, ça m'énerve.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle le discours de Gael Garcia Bernal était agaçant. Il a déclaré: «En tant que Mexicain, en tant que Latino-américain, en tant que travailleu­r immigré, en tant qu'être humain, je suis contre toute forme de mur dont le but est de nous séparer».

Il faisait bien sûr référence au fameux mur entre le Mexique et les États-unis que le méchant président Trump veut construire. Mais Gael Garcia Bernal aurait pu aussi rappeler aux millions de personnes qui écoutaient les Oscars qu'il existe déjà un mur entre ces deux pays, pour empêcher l'entrée des immigrants illégaux, qui est un problème réel. Ce mur fait 700 pieds de long, il a été approuvé en 2006 par Bush, et qui a voté pour? Barack Obama. C'est d'ailleurs lui, une fois président, qui a terminé le mur en 2011.

Où étaient Gael et ses amis acteurs en 2011 pour dénoncer le mur d'obama?

LE VRAI MONDE

À tout moment, je pensais voir apparaître Martin Matte

Beaucoup de commentate­urs n'ont pas aimé le segment des Oscars dans lequel Jimmy Kimmel a fait entrer dans la salle un groupe de touristes en visite guidée. Personnell­ement, j'ai adoré. C'était tellement amusant de voir ces vedettes habillées chic confrontée­s à «du vrai monde» et obligées de leur serrer la main. Le Purell devait couler à flots après leur passage. La face de Denzel Washington disait tout.

Je n'ai pas pu m'empêcher de voir dans cette image un symbole très fort: une élite déconnecté­e qui est forcée de partager la vedette avec son public qui est habituelle­ment tenu à distance par des gardes du corps. Vous avez dit «malaise»?

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