Manon des sources
Sainte-marie-saint-Jacques (SMSJ) ne tombera pas sous le couperet d’un redécoupage électoral insensé. Grâce à une impressionnante mobilisation citoyenne et la détermination de sa députée Manon Massé, la circonscription montréalaise l’a échappé belle.
La victoire est majeure. À vrai dire, jamais le «fier monde» du Centre-sud de la métropole n’aura aussi bien porté son nom. En réaction, la députée de Québec solidaire avait toutes les raisons d’être émue.
Pour décrire le caractère unique de son comté, elle a su trouver les mots justes. Cette «communauté naturelle, d’appartenance et d’adoption» est avant tout un «lieu de solidarité». Et les sceptiques seront confondus.
Voilà qui résume toute l’importance de la survie de SMSJ. Un comté diversifié sur tous les plans. Il se distingue néanmoins par une importante communauté LGBT et des populations plus démunies pour qui Manon Massé est devenue le porte-voix.
Un comté diversifié (SMSJ) sur tous les plans. Il se distingue néanmoins par une importante communauté LGBT et des populations plus démunies pour qui Manon Massé est devenue le porte-voix.
INTRAITABLES
Cette victoire des «centre-sudistes», comme on les appelle, est aussi celle des autres partis d’opposition. Dans un rare geste d’unité non partisane, le Parti québécois, la CAQ et même le maire de Montréal les ont soutenus dans leur combat.
Un seul bémol. Espérant profiter d’une disparition possible de SMSJ, les libéraux sont demeurés intraitables. Et ce, malgré la mobilisation citoyenne. Malgré l’appui des partis d’opposition.
Malgré même l’absence troublante de consultation des électeurs de SMSJ par la Commission de la représentation électorale. Rien n’a pu convaincre les libéraux de se porter à la défense des droits démocratiques de la population de SMSJ.
Heureusement qu’il y a mieux. Bien au-delà de cette indifférence intéressée du PLQ, l’important est ailleurs. La saga de SMSJ porte en elle une formidable leçon pour tous les Québécois.
UNE FORMIDABLE LEÇON
Elle leur dit ceci. Le désengagement croissant face à la politique fait inévitablement le jeu du statu quo et de ceux qui en profitent. Au Québec, le résultat en est l’installation presque à demeure d’un «monopole libéral» au pouvoir.
Elle leur dit aussi qu’en 2018, la réforme électorale se devra d’être un enjeu majeur. Dans notre mode de scrutin de plus en plus dysfonctionnel, il est en effet faux de prétendre que «chaque vote compte».
Les tiers partis, on le sait aussi, en sortent désavantagés de manière chronique. D’où l’urgence de le réformer pour le rendre plus représentatif de la volonté réelle de la population. Mais qui le fera?
De René Lévesque à Justin Trudeau, le pouvoir leur a vite fait oublier leur promesse pourtant «solennelle» d’un nouveau mode de scrutin.
Or, cette fois-ci, seuls les libéraux s’y refusent. À l’opposé, le PQ, la CAQ et QS s’y engagent.
Bref, comme le dit Manon Massé, même si le prochain gouvernement est minoritaire, cette voix exceptionnellement unie de trois partis sur quatre à l’assemblée nationale faciliterait d’autant une vraie réforme du mode de scrutin.
Et si les Québécois allaient voter massivement le 1er octobre 2018 au lieu d’être encore trop nombreux à s’abstenir? Qui sait? Ils y trouveraient peut-être enfin le saint Graal d’une réforme électorale inespérée et inattendue…