Conversation incriminante d’un mafioso envers des policiers
Un haut gradé a été enregistré en train de dire à son avocat qu’il verse des pots-de-vin
«Les policiers ont peur du coulage dans le dossier. C’est pour ça que les affaires internes ont été impliquées. Ça ne m’inquiète pas, c’est pour ça qu’on les paye…»
Ce passage troublant d’une conversation tenue il y a deux ans entre un mafioso influent et l’avocat déchu du clan Rizzuto, Loris Cavaliere, laisse clairement entendre que des policiers du SPVM seraient à la solde du crime organisé.
Hier en fin de journée, le juge André Vincent a autorisé Le Journal et d’autres médias à publier cet extrait de l’écoute électronique effectuée lors d’une enquête menée par l’escouade régionale mixte de lutte au crime organisé (ERM).
ENREGISTRÉS À LEUR INSU
L’après-midi du 17 février 2015, deux mafiosi montréalais — dont les identités ne peuvent être dévoilées — étaient en compagnie de Me Cavaliere, au bureau de ce dernier, sur le boulevard Saint-laurent.
Ils ignoraient que L’ERM y avait installé des micros avec la bénédiction d’un juge.
L’un d’eux mentionne que «la chaleur est brutale» depuis un mois, en référence à la pression exercée par les policiers.
Un mois plus tôt, le sergent André Thibodeau, du SPVM, avait été arrêté dans une affaire paris illégaux liés à la mafia.
Un des mafieux disait le connaître en ajoutant que la police de Montréal a «peur du coulage» sur la place publique dans cette affaire et «c’est pour ça que les affaires internes ont été impliquées».
Quand Me Cavaliere lui demande si cela l’inquiète, le mafioso répond: «Non, c’est pour ça qu’on les paie».
LA FRATERNITÉ EN RAJOUTE
Le 2 février dernier, la Couronne a elle-même demandé l’arrêt des procédures dans le dossier du sergent Thibodeau. La veille, Me Cavaliere a été condamné à 34 mois de pénitencier pour gangstérisme.
La Sûreté du Québec s’intéresse à ces pots-de-vin dans l’enquête qu’elle mène sur la Division des affaires internes du SPVM, a appris Le Journal.
Cela vient aussi appuyer les déclarations du président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francoeur, à l’animateur Paul Arcand, hier matin, au 98,5 FM.
Selon M. Francoeur, le directeur du SPVM, Philippe Pichet, sait depuis plusieurs mois que des allégations criminelles pèseraient sur des membres de son étatmajor.
« JOBS DE COCHONS »
Il a dit avoir lui-même signalé trois cas au chef, dont «un proche» fréquenterait la mafia et un autre aurait «interféré dans des dossiers pour faire tomber des accusations à la cour».
Mais ces cas ont été confiés aux affaires internes qui les auraient étouffés avec des «jobs de cochons», en fabriquant de «fausses allégations pour s’attaquer aux policiers qui avaient dénoncé».