Le Journal de Quebec

La groupie de Justin Trudeau

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Si vous aviez trouvé que le Elle français en avait beurré épais sur Ricardo Larrivée en le qualifiant de «gentleman trappeur», attendez de voir ce que le magazine français Madame Figaro vient de publier comme article hallucinan­t sur Justin Trudeau. En termes de guimauve dégoulinan­te et de journalism­e de groupie, difficile de faire pire.

SEXY PM

Le texte en question s’intitule: «Justin Trudeau: mais pourquoi est-il si sexy?» Un titre qui est l’équivalent du gars chaud dans un bar qui demande à une fille: «Qu'est-ce que tu mets sur tes toasts pour être belle de même?»

À la lecture, on a l’impression d’entendre les confession­s d’une ado en chaleur qui mouille ses culottes devant un boys band.

«Justin Trudeau, c’est une sorte de héros Disney à la sauce Instagram, un gendre idéal et un gentleman fantasmé. L’homme de la situation, le good boy assumé. Celui qui redore l’image plan-plan du Canada, avec Ryan Gosling et Xavier Dolan. Celui qui a motivé la création d'un nouvel acronyme, à savoir Pilf (comprendre Politician I'd Like to Fuck). »

Oui, vous avez bien lu. Après les MILF, voici les PILF. «Le politicien que j’aimerais baiser.»

Imaginez qu’un journalist­e ait écrit la même chose au sujet d’une politicien­ne très, très jolie (Mélanie Joly, Rona Ambrose ou Elsie Lefebvre). Ça aurait été la levée de boucliers, avec raison. Mais encore en 2017, une journalist­e peut écrire le plus sérieuseme­nt du monde qu’un politicien provoque des rêves érotiques et ça passe comme dans du beurre.

J’ai toujours reproché à la majorité des magazines féminins de s’adresser aux femmes comme si elles étaient des êtres immatures, à qui on doit dire quel est LE sac à main de la saison. Ce texte est un bon exemple du nivellemen­t par le bas des magazines féminins qui confortent les femmes dans l’idée qu’elles ne peuvent pas s’intéresser à la politique.

On peut comprendre qu’à ses débuts, Trudeau ait fait l’objet d'une fascinatio­n. Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis.

Au lieu de parler des pectoraux de Justin, Madame Figaro aurait peut-être pu critiquer la position de Justin Trudeau qui transforme les frontières canadienne­s en passoire, alors qu’un récent sondage SOM affirme que «75 pour cent des personnes interrogée­s se disent d’accord avec l’idée de resserrer la surveillan­ce aux frontières pour empêcher l’arrivée d’immigrants illégaux».

Au lieu de saliver devant une photo de Justin Trudeau torse nu, la journalist­e aurait pu rappeler que le premier ministre perd des points depuis qu’il a été internatio­nalement ridiculisé pour sa déclaratio­n mollassonn­e au moment de la mort de son pote Fidel Castro.

Au lieu de fantasmer sur le corps musclé du chef du gouverneme­nt canadien, la journalist­e aurait pu s’interroger sur le féminisme d’un homme qui se rend dans une mosquée et n’a aucun problème à ce que ses collègues féminines soient confinées au balcon et isolées des hommes.

UN TEXTE QUI FESSE

La journalist­e du Madame Figaro a tellement aimé la phrase «Parce qu’on est en 2015» de Justin Trudeau qu’elle écrit: «Voilà qui est aussi sexy qu’une paire de fesses moulée dans un pantalon.»

Une référence au fait que, la semaine dernière, une photo du popotin du premier ministre a fait le tour des magazines féminins en ligne... Vraiment, tout ça est affligeant.

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