Vivre au milieu de nulle part
Les anciens Gagnonais se souviennent avec nostalgie de leur vie dans leur petite ville de la Côte-nord.
«Quand on était enfants, on avait beaucoup de liberté, il n’y avait pas de notion de danger, se souvient Yves Coicou. On était entourés de nature, on profitait de la chasse, de la pêche, etc.»
Toutes les installations sportives, comme la piscine, la patinoire, le salon de quilles, étaient gratuites. Les jeunes fréquentaient l’école du coin jusqu’en quatrième secondaire. Par la suite, à 16 ans, ils devaient aller finir leur secondaire à Sept-îles, à huit heures de route.
«Les maisons appartenaient à la compagnie minière et on les louait 75 $ par mois, explique l’ancien résident Gilles Blackburn. Mais la nourriture était chère, tout était apporté par avion ou par train.»
«Il y avait une petite épicerie. Il fallait faire venir sa caisse de bière de Sept-îles: quand ça arrivait, tu n’avais plus soif!» plaisante-t-il.
«Il y avait un centre d’achat, sept bars, deux restaurants et un dépanneur», ajoute Jean-guy Ringuette, le chef du corps de police municipal qui ne comptait que six autres agents.
«Il n’y avait pas trop de délits... Parfois des chicanes dans les bars, mais il n’y a jamais eu de meurtre», dit M. Ringuette.
RETROUVAILLES
Jusqu’en 1973, l’aéroport était une cabane en bois. Deux ans après la fermeture de la ville, la route 389, construite pour relier BaieComeau au Labrador, a finalement été achevée. Elle aurait mis fin à l’isolement de Gagnon. Les Gagnonais ont maintenant une page Facebook et organisent des retrouvailles. «On est retournés à Gagnon en 1990. Il n’y avait plus rien, les arbres ont repoussé, on avait de la misère à se situer, se souvient M. Ringuette. On était un autobus plein d’anciens habitants et tout le monde pleurait.»
Chaque année, M. Ringuette retrouve ses anciens voisins, avec qui il tient un pool de hockey.