Le Journal de Quebec

Un effet téflon quin’est pas à toute épreuve

Justin Trudeau aura la vie moins facile lorsque les trois partis d’opposition auront élu leurs chefs Justin Trudeau est-il un politicien «téflon»? Près d’un an et demi après son élection, le premier ministre trône toujours dans les sondages malgré plusie

-

OTTAWA | Si Justin Trudeau s’est fait élire en promettant des «voies ensoleillé­es», il risque de connaître des jours plus gris lorsque ses adversaire­s politiques se seront dotés de chefs permanents, estiment les experts.

Selon le spécialist­e de la communicat­ion politique Emmanuel Choquette, la «faible opposition» au Parlement crée un certain vide dans l’espace public qui favorise cet effet téflon. Le Parti conservate­ur, le NPD et le Bloc québécois sont actuelleme­nt en pleine course à la chefferie. «Quand on va arriver à la mi-mandat du Parti libéral et que l’opposition sera en poste, on aura des chefs élus et les choses vont se mettre en place. La partie risque alors d’être plus difficile pour le premier ministre», indique le professeur de l’université de Sherbrooke. M. Choquette précise que cet effet téflon est ainsi davantage lié à des «circonstan­ces» telles que le fait d’avoir été élu par une majorité de la population en surfant sur «l’image de renouveau» pour succéder à un gouverneme­nt impopulair­e. «Il s’est fait élire sur l’image “des voies ensoleillé­es”. Alors quand on donne cette image-là et qu’en plus ça colle avec sa personnali­té, son attitude, etc., alors à court terme, en début de mandat et de premier mandat, les citoyens ont tendance à avoir un niveau de tolérance assez élevé et placent des espoirs», explique l’expert.

L’ÉTOILE PÂLIT

Le spécialist­e Bernard Motulsky croit aussi que l’étoile du premier ministre risque de pâlir, étant donné que la politique vient avec le fait «d’arbitrer», de prendre de décisions et, par conséquent, de faire des mécontents.

«L’effet téflon, ça veut dire qu’il y a des choses qui égratigner­ait quelqu’un d’autre, mais qui ne l’ont pas égratigné. En même temps, quand vous avez des marmites en téflon, vous savez que ça s’use aussi», explique le titulaire de la chaire de relations publiques et communicat­ion marketing de L’UQAM.

«Ce qui est intéressan­t, c’est de voir pendant combien de temps l’effet va durer et ce qui va en particulie­r pouvoir commencer à contrebala­ncer cet effet-là», poursuit-il.

M. Motulsky attribue cet effet téflon à l’apparence de Justin Trudeau, à sa jeunesse et aux valeurs qu’il véhicule. Il fait un lien avec la stratégie employée par l’ex-président des États-unis, Barack Obama, qui s’est rapproché des gens en montrant un côté plus personnel.

«Le fait d’être un beau jeune homme qui dégage l’énergie, la vitalité, la jeune famille, tout ça, ce sont des éléments qui le rendent sympathiqu­e, indépendam­ment des gestes qu’il pose», poursuit M. Motulsky.

ENGAGEMENT­S ÉLECTORAUX

«Ça donne l’impression qu’on le connaît et qu’il est à notre niveau», souligne-t-il, donnant comme exemple le fait qu’au lendemain de son élection, en 2015, Trudeau s’était pointé à une station du métro de Montréal.

Selon le spécialist­e de la communicat­ion politique de l’université Laval Thierry Giasson, le premier ministre qui, dit-il, maîtrise bien l’image et les symboles, sera finalement évalué sur la capacité de son gouverneme­nt à réaliser ses engagement­s électoraux.

«Les Canadiens s’attendent à quelque chose et à un moment donné, ça doit dépasser la symbolique, les images, les belles photos et les moments d’émotion auxquels Justin Trudeau convie souvent la population», explique M. Giasson.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Emmanuel Choquette Doctorant en sciences politiques
Emmanuel Choquette Doctorant en sciences politiques
 ??  ?? Bernard motulsky UQAM
Bernard motulsky UQAM

Newspapers in French

Newspapers from Canada