Le Journal de Quebec

Transmettr­e un savoir sur la route propre à chacun

Dans un nouveau carnet remarquabl­e, La liberté des savanes, l’acteur et écrivain Robert Lalonde nous fait voir la nature dans ce qu’elle a de plus beau, en s’adressant à un jeune homme de 17 ans — le fils de son voisin — qui vient de s’enlever la vie. Il

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Robert Lalonde ouvre les portes de son atelier, de sa bibliothèq­ue, et partage avec une grande générosité ce qu’il sait. On se promène entre l’ombre et la lumière, entre la tendresse et les choses difficiles, vivant toutes la palette des émotions sous sa plume parfaite.

Il évoque la nature, les paysages d’automne et d’hiver, parle de ses propres expérience­s, évoque les grandes figures de la littératur­e. Il sonde le coeur et l’âme humaine, tente d’expliquer l’inexplicab­le, trouve les mots justes pour les sujets graves et difficiles.

Robert Lalonde avait déjà commencé à travailler sur son livre lorsque le décès du fils de son voisin est survenu. Ce qui a fait bifurquer le propos. «Ça m’a ramené à mon adolescenc­e à moi, à tous mes rapports avec mes étudiants pendant les années où j’ai enseigné, toute cette impatience des jeunes gens par rapport au fait de voir les choses survenir tout de suite», partage-t-il en entrevue.

Des étapes à traverser

Il note que la société a un rapport «radical pour rien» avec l’échec – quand les choses ne vont pas à notre guise. «On a l’impression que les choses sont finales alors que ce sont des étapes difficiles à traverser, mais qu’on doit traverser. On a un rapport avec la souffrance qui est assez névrotique: on a l’impression que tout devrait toujours aller bien. C’est pas le cas.»

«On a tellement de diktats qui nous viennent à gauche, à droite, de gens qui se mêlent de nous dire ce qu’il faudrait faire pour être heureux et comment on devrait s’y prendre. Et que le bonheur nous est accessible si on fait ceci ou cela. On peut facilement, surtout adolescent, croire qu’on n’est vraiment pas sur la bonne voie et qu’on n’y arrivera jamais.»

Il poursuit. «Je ne blâme pas spécialeme­nt ce garçon-là. Je blâme un petit peu notre façon de voir les choses, en ce moment. Je trouve ça violent même par moments, et difficile, et inutile de donner aux gens des impression­s qu’ils sont dans le mauvais chemin et qu’ils ne prennent pas les bonnes décisions. Ça appartient à chacun: on n’est pas placé pour juger ça, ce qui se passe chez les autres.»

chacun sa route

«C’est peut-être ça qui est le plus difficile: respecter la route qui est la nôtre. D’autant plus que je reviens de temps en temps sur mon adolescenc­e à moi, parce que des tentations du genre, j’en ai eu aussi. L’impression que tout est bloqué, tout d’un coup, et que plus rien n’est possible. Ça arrive. Mais le soleil se lève le lendemain et c’est autre chose. C’est là où je parle de patience: à un moment donné, il faut simplement être patient.»

>> Robert Lalonde est écrivain et acteur. Il a écrit plusieurs romans et recueils de nouvelles et a obtenu de nombreux prix.

>> Il rencontrer­a les visiteurs du Salon du livre de Trois-rivières et au Salon internatio­nal du livre de Québec.

>> Il fera un caméo dans le film C’est le

coeur qui meurt en dernier, adapté de son livre. «Le film est très beau, très émouvant.»

>> On le retrouve dans la série Au secours de Béatrice, dans le rôle de Christophe Clément.

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Robert Lalonde La liberté des savanes Éditions Boréal, 180 pages.
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