Le Journal de Quebec

Une fin de vie de couple qui fait peur

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Mon mari et moi sommes ensemble depuis plus de trente deux ans. Je pense que notre relation a été dans l’ensemble harmonieus­e, du moins jusqu’à tout récemment. Nous avons un fils de 25 ans qui s’est mis en ménage il y a deux ans avec une jeune Allemande qu’il avait rencontrée là-bas lors d’un voyage d’études. Ils ont tous deux décidé de faire leur vie là-bas et filent le parfait bonheur. Ce qui me rassure pour lui.

Rendue à 57 ans, je continue d’adorer mon travail de technicien­ne de laboratoir­e dans un de nos grands centres hospitalie­rs universita­ires, et je fais partie d’une groupe de travailleu­rs qui est encore passionné par ce qu’il fait, même si la vie dans notre milieu est difficile pour plusieurs. Je ne me vois donc pas partir à la retraite.

Le problème, c’est que mon mari, lui, ne rêve que d’une chose depuis le départ de notre fils, c’est de vendre la maison pour s’acheter un condo en Floride où il passerait le plus clair de son temps à jouer au golf avec ses amis. Le reste de l’année, il aimerait que nous le passions dans un chalet qu’il a hérité de ses parents situé très au nord dans les Laurentide­s. Autrement dit au bout du monde, où je m’ennuierais à mourir. Car moi la campagne, un ou deux weekend par année, ça me suffit amplement.

C’est vrai qu’il a huit ans de plus vieux que moi, qu’il n’a jamais été vraiment passionné par son travail de comptable, et qu’il a sans doute le droit de se reposer. Mais moi, je ne suis vraiment pas prête à le suivre et à me réinventer une vie pour lui. Je le lui ai dit, mais il ne veut rien entendre. C’est comme si je parlais dans le vide : « Tu n’est pas obligée de travailler. Et si tu t’ennuies trop, tu pourras toujours prendre l’avion de temps en temps pour venir faire une saucette à Montréal pour voir tes amies. » Voilà la seule réponse qu’il est capable de me donner.

Louise, je sens de plus en plus que nous sommes arrivés à une impasse et qu’il me met de plus en plus de pression pour me forcer à bouleverse­r ma vie alors que je ne le souhaite pas une miette. J’aurais le goût de lui dire « Alors divorçons. Je te rachète ta part de la maison et tu pourras t’en aller réaliser ton rêve tout seul, puisque pour moi ce rêve est un cauchemar! »

À court de solution

Une chose me frappe dans votre lettre. Comment se fait-il que votre mari ne sache pas, après autant d’années de vie commune, que vous êtes une citadine dans l’âme et que la campagne ne vous plaît pas plus que ça? À moins que vous n’ayez tenu cette vérité secrète parce que vous n’aviez aucune communicat­ion à caractère intime, se pourraitil qu’à part le lien créé par votre fils, vous n’ayez eu, votre mari et vous, aucune activité commune à part la vie sous le même toit?

Peut-être trouverez-vous dans ces quelques pistes, matière à découvrir ce qui pourrait avoir causé cette absence de lien entre vous deux. Et la trouvant, vous pourrez vous atteler à chercher une avenue de solution ou à tout le moins une façon d’en discuter avec votre mari pour en arriver à un compromis acceptable.

Si rien de tout cela ne correspond à votre cas, vous devriez peut-être envisager le fait qu’après un aussi long parcours ensemble, vous êtes parvenus à une croisée des chemins où vos routes doivent se séparer. Ce n’est pas rare que des couples, en apparence unis, soient confrontés à ce genre de culde-sac. Auquel cas, et en espérant que votre mari soit rendu au même point de rupture que vous, il vous restera à lui faire votre ultime propositio­n.

Un mariage c’est un compromis, mais qui a ses limites. – Auteur anonyme

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