Incursion dans l’enquête policière
Le Journal a eu accès à une partie de la preuve amassée par l’escouade régionale mixte (ERM) lors du projet d’enquête Carapace. Voici ce que les policiers ont découvert, selon leurs rapports de filature et de perquisition:
LE 29 JUILLET 2008, L’ERM arrête un trafiquant en possession de 5000 comprimés de méthamphétamine et de 92 340 $, dont on présume qu’ils lui ont été remis par le suspect Elliot Perry.
LE LENDEMAIN, des policiers en civil surveillent les allées et venues de Perry, qu’ils suivent jusqu’au 1860, 17e Rue, à Grand-mère. Ils remarquent qu’une camionnette blanche de marque Ford F-150, appartenant à l’entreprise Technologies Bionest, y est stationnée.
LE 5 AOÛT, au même endroit, ils voient la camionnette noire Ford F-150, propriété de Guillaume Champagne.
LE 27 AOÛT, L’ERM apprend du service des taxes de la Ville de Shawinigan que la résidence située au 1860, 17e Rue, à Grand-mère, est la propriété de Guillaume Champagne.
LE 1er OCTOBRE, Perry et Champagne sortent ensemble de la maison.
LE 24 OCTOBRE, les policiers filment Champagne qui arrive chez lui au volant d’une Ford Expedition noire à 17 h 19 et entre par une porte de côté. À 17 h 33, Perry arrive au volant d’une Audi noire et entre dans la maison par la même porte. À 18 h 34, Champagne sort au moment où un policier en filature circule à pied en face de la maison. Ce dernier note alors «une forte odeur de marijuana provenant de la proximité» de la résidence. Il note que le conducteur de la Ford Expedition «le regarde longuement avant de quitter les lieux». Deux minutes plus tard, Champagne revient, parle au cellulaire et entre dans la maison en laissant son véhicule en marche. Il ressort avec «un sac à poubelles blanc contenant plusieurs paquets et une boîte de contenant pour sac Ziploc ou papier d’aluminium».
LE 28 OCTOBRE, Hydro-québec informe L’ERM que le compte d’électricité pour cette adresse est au nom de Guillaume Champagne et que la consommation en kilowattheures y est «élevée».
LE 31 OCTOBRE, à 5 h 30 du matin, un enquêteur voit que les poubelles ont été sorties sur le bord de la rue, en face du 1860 de la 17e Rue. «Lors de l’ouverture du bac à déchets de couleur gris, l’enquêteur sent une forte odeur de produit chimique comparable à de l’acétone.»
LE 11 NOVEMBRE, la SQ constate dans ses bases de données que Guillaume Champagne ne possède aucun permis d’armes à feu.
LE 26 NOVEMBRE, les policiers font une perquisition dans la maison de Guillaume Champagne, qui est absent, et découvrent un laboratoire clandestin de production de méthamphétamine au sous-sol, plus de 4000 g de haschisch et de cannabis, une arme prohibée, deux fusils de chasse mal entreposés et 50 000 $ dans un coffre-fort.
DURANT LA PERQUISITION, un ouvrier arrive sur place et offre aux policiers de «rejoindre Guillaume» pour eux. Après son départ, le même ouvrier communique avec deux membres en règle des Hells Angels de Trois-rivières, Marcellin Morin (photo) et Claude Gauthier, pour les prévenir que «c’est pas une bonne journée pour aller là».
LE 15 AVRIL 2009, Elliot Perry, Marcellin Morin et Claude Gauthier sont accusés dans l’opération Sharqc, notamment incriminés par la preuve du projet Carapace.
LE 19 NOVEMBRE 2009, Guillaume Champagne est accusé de complot avec Perry et Morin pour trafic de drogue, de production de méthamphétamine, de possession de haschisch et de cannabis à des fins de trafic, de possession illégale d’une arme prohibée, de possession d’une somme d’argent supérieure à 5000 $ provenant de la perpétration d’un crime et d’entreposage négligent de deux armes à feu. Sur les 13 autres présumés trafiquants accusés dans le projet Carapace, 10 seront reconnus coupables et condamnés à des peines d’emprisonnement.
LE 31 MAI 2011, Elliot Perry et 30 autres individus liés aux Hells sont libérés des accusations de complot, trafic de drogue et gangstérisme portées contre eux dans l’opération Sharqc parce qu’ils ne pourront pas être jugés dans des délais raisonnables.
LE 2 DÉCEMBRE 2013, Guillaume Champagne est acquitté des accusations qui pesaient sur lui à la suite de négociations entre la Couronne et la défense, sans avoir subi d’enquête préliminaire ou de procès.
LE 28 OCTOBRE 2016, la Couronne abandonne les accusations contre le Hells Marcellin Morin, qui était en cavale depuis l’opération Sharqc.
LE 15 DÉCEMBRE 2016, le Hells Claude Gauthier, lui aussi recherché depuis l’opération Sharqc, bénéficie à son tour d’un arrêt des procédures.