L’hiver dans le Sud n’a pas que du bon
Les brusques changements de climat peuvent avoir des conséquences sur la santé physique et mentale Un million de Québécois qui ont passé une partie ou tout l’hiver dans le Sud s’apprêtent à revenir vers le Nord. Système immunitaire affaibli, infections,
«Chaque pays a une température optimum pour sa population, soutient le Dr Pierre Gosselin, de l’institut national de santé publique du Québec. Au Québec, la température optimum est de 18,5 °C. Au-delà ou en dessous de ce seuil, les problèmes de santé et la mortalité augmentent.»
Or, la température moyenne annuelle au Québec est de -2,6 °C, selon le climatologiste en chef à Environnement Canada, David Phillips.
Ce qui explique l’attrait indéniable de la Floride, du Mexique et des Caraïbes, où les températures moyennes atteignent et dépassent 18 °C.
Les milliers de Québécois qui passent leurs hivers dans le Sud chaque année pratiquent sans le savoir la climatothérapie, une forme de médecine douce qui a déjà eu ses heures de gloire (voir autre article).
BIENFAITS
Les Snowbirds sont un exemple frappant des bienfaits d’un changement de climat en hiver.
Le lendemain de son arrivée dans le Sud, un habitant d’un pays nordique voit habituellement sa pression artérielle diminuer. Il respire mieux. Il se sent bien.
En général, un Québécois qui débarque dans un pays tropical en hiver a besoin de 48 heures pour s’acclimater et retrouver son appétit.
Mais un immigrant originaire d’un pays chaud qui débarque au Québec en hiver, a quant à lui besoin de trois à quatre semaines pour habituer son corps au froid et régulariser son métabolisme.
«C’est difficile pour beaucoup», dit Aziza Anhichem, à l’accueil aux immigrants de l’est de Montréal, qui oeuvre à l’intégration socioéconomique des nouveaux arrivants.
Elle-même originaire d’un pays chaud, Mme Anhichem se souvient de ses premiers hivers au Québec il y a 18 ans. «J’avais tellement froid aux pieds que j’avais mal. Souvent, les immigrants n’ont pas de voiture en arrivant ici. Ils doivent attendre le bus et affronter l’hiver.»
Sauf qu’un séjour prolongé sous le soleil peut affaiblir la capacité de l’organisme à lutter contre les infec- tions grippales. Au retour, cela fait de vous une proie facile pour les virus, selon des études.
Des expériences ont en effet montré que le froid stimule le système immunitaire, tandis que trop de chaleur peut l’affaiblir. Certains traitements au froid, comme des bains glacés, sont même réputés améliorer la réponse du corps aux virus, rapportent des chercheurs.
«Dès qu’un Québécois qui est en Floride fait un saut au Québec pendant l’hiver, il revient avec toutes les souches de virus qu’il répand dans la communauté», a d’ailleurs remarqué Denise Dumont, rédactrice en chef du Soleil de la Floride, qui a quitté le Québec depuis 30 ans.
«J’ai connu les tremblements de terre, les éruptions de volcan et les ouragans, mais je ne m’ennuie pas des tempêtes de neige, reconnaîtelle. Il y a des Américains qui n’ont jamais connu la grippe ni vu de neige de leur vie. Ça leur fait peur. Pour ma part, je suis bien en Floride. Mon arthrite est moins douloureuse.»
PAS JUSTE LE CLIMAT
Les personnes souffrant d’allergies, de maladies cardiovasculaires et respiratoires ont tout à gagner d’un séjour prolongé sous des latitudes plus clémentes en hiver.
Quant aux gens atteints d’arthrite, un climat plus sec serait préférable, comme le Sud-ouest américain. Des milliers de personnes se rendent dans ces régions chaque hiver pour soigner leurs vieux os.
La pratique de se soigner en changeant de latitude est connue depuis des siècles.
Cependant, un changement de milieu climatique à lui seul ne peut pas guérir une maladie. Seuls les traitements médicaux le peuvent.
Mais un climat sain peut garantir l’efficacité du traitement. Si le séjour sous des latitudes plus clémentes procure beaucoup de bien à la santé, gare au retour précoce en hiver!
Surtout pendant une vague de froid au Québec. Les gens habitués à la chaleur depuis des mois sont alors les premiers à grincer des dents. Certains payent alors le prix fort.