Le Journal de Quebec

Merci à l’assemblée nationale

Une entreprise fondée par un ancien proche des Hells participe au chantier du parlement

- GENEVIÈVE LAJOIE ET ÉRIC YVAN LEMAY

Le gouverneme­nt Couillard renonce à abaisser le plafond des contrats publics accessible­s aux entreprise­s qui ont un passé douteux. Résultat, l’assemblée nationale a dû faire affaire avec une compagnie dont le fondateur a déjà été associé aux Hells Angels.

Depuis 2012, les entreprise­s qui veulent faire affaire avec l’état doivent montrer patte blanche et obtenir une autorisati­on de l’autorité des marchés financiers (AMF) afin d'écarter entre autres ceux qui ont eu des démêlées avec la justice. Le seuil des contrats publics visés est passé progressiv­ement de 40 à 5 millions $. Le plafond devait diminuer jusqu’à 100 000 $, mais le gouverneme­nt libéral en a décidé autrement.

C’était «un engagement du précédent gouverneme­nt péquiste, on se rappelle (qu)’il y a eu un problème d’engorgemen­t à l’époque. Actuelleme­nt, il n’est pas prévu d’abaisser les seuils», précise Catherine Poulin, porteparol­e du président du Conseil du trésor.

Le ministre Pierre Moreau préfère se concentrer sur la création de son nouveau chien de garde des contrats publics, l’autorité des marchés publics, actuelleme­nt à l’étude en commission parlementa­ire.

«On n’est pas plus avancés si on engorge L’UPAC. Pas plus avancés non plus si des entreprise­s décident de ne pas contracter avec le gouverneme­nt parce que c’est long et ça ne vaut pas la peine pour des contrats peu onéreux», insiste son attachée de presse.

HELLS ANGELS

En conséquenc­e, des travailleu­rs de Coffrages Synergy s’activent depuis plusieurs semaines sur le mégaprojet de modernisat­ion du parlement qui vise, entre autres, à améliorer la sécurité des députés.

La compagnie a décroché le contrat pour 2,7 millions $ l’automne dernier sous le nom de Coffrages Saulnier, mais elle a changé de nom depuis. Le fondateur de cette entreprise, Marc Saulnier, a déjà fait les manchettes pour ses liens dans deux autres entreprise­s avec les Hells Mario Brouillett­e et David Rouleau.

Coffrages Saulnier/synergy tente en vain depuis deux ans de décrocher sa certifica- tion de l’autorité des marchés financiers (AMF). La demande est toujours en analyse sur les bureaux de L’UPAC. Cela ne l’a toutefois pas empêchée de décrocher le contrat de l’assemblée nationale puisqu’il se situait sous la limite de 5 millions $.

«Puisque l’entreprise était le plus bas soumission­naire, qu’elle n’était pas inscrite au Registre des entreprise­s non admissible­s aux contrats publics et qu’elle n’était pas coupable d’une infraction en regard de la Loi sur les contrats des organismes publics, l’assemblée nationale n’avait pas d’autre choix que de lui octroyer le contrat», a précisé la porte-parole Noémie Cimon-mattar.

Même à L’AMF, chargée de passer les firmes à la loupe, on s’attendait à ce que les règles soient à nouveau resserrées. «On est parti à 40 millions $, puis on est descendu à 10, puis à 5. La Loi prévoit qu’ultimement tous les contrats publics seront visés par la loi», a fait valoir le porte-parole de l’organisme, Sylvain Théberge.

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Un entreprene­ur qui n’a pas réussi à avoir le feu vert de L’AMF a tout de même pu obtenir un contrat de 2,7 M$ pour rénover le parlement à Québec.
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3. Le fondateur de Coffrages Saulnier, devenu Synergy, Marc Saulnier lors...
1. Des ouvriers de Coffrages Synergy sur le chantier du pavillon d’accueil à l’assemblée nationale. 2. Les travaux visent à ajouter des salles et une nouvelle zone sécurisée. 3. Le fondateur de Coffrages Saulnier, devenu Synergy, Marc Saulnier lors...
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