Merci à l’assemblée nationale
Une entreprise fondée par un ancien proche des Hells participe au chantier du parlement
Le gouvernement Couillard renonce à abaisser le plafond des contrats publics accessibles aux entreprises qui ont un passé douteux. Résultat, l’assemblée nationale a dû faire affaire avec une compagnie dont le fondateur a déjà été associé aux Hells Angels.
Depuis 2012, les entreprises qui veulent faire affaire avec l’état doivent montrer patte blanche et obtenir une autorisation de l’autorité des marchés financiers (AMF) afin d'écarter entre autres ceux qui ont eu des démêlées avec la justice. Le seuil des contrats publics visés est passé progressivement de 40 à 5 millions $. Le plafond devait diminuer jusqu’à 100 000 $, mais le gouvernement libéral en a décidé autrement.
C’était «un engagement du précédent gouvernement péquiste, on se rappelle (qu)’il y a eu un problème d’engorgement à l’époque. Actuellement, il n’est pas prévu d’abaisser les seuils», précise Catherine Poulin, porteparole du président du Conseil du trésor.
Le ministre Pierre Moreau préfère se concentrer sur la création de son nouveau chien de garde des contrats publics, l’autorité des marchés publics, actuellement à l’étude en commission parlementaire.
«On n’est pas plus avancés si on engorge L’UPAC. Pas plus avancés non plus si des entreprises décident de ne pas contracter avec le gouvernement parce que c’est long et ça ne vaut pas la peine pour des contrats peu onéreux», insiste son attachée de presse.
HELLS ANGELS
En conséquence, des travailleurs de Coffrages Synergy s’activent depuis plusieurs semaines sur le mégaprojet de modernisation du parlement qui vise, entre autres, à améliorer la sécurité des députés.
La compagnie a décroché le contrat pour 2,7 millions $ l’automne dernier sous le nom de Coffrages Saulnier, mais elle a changé de nom depuis. Le fondateur de cette entreprise, Marc Saulnier, a déjà fait les manchettes pour ses liens dans deux autres entreprises avec les Hells Mario Brouillette et David Rouleau.
Coffrages Saulnier/synergy tente en vain depuis deux ans de décrocher sa certifica- tion de l’autorité des marchés financiers (AMF). La demande est toujours en analyse sur les bureaux de L’UPAC. Cela ne l’a toutefois pas empêchée de décrocher le contrat de l’assemblée nationale puisqu’il se situait sous la limite de 5 millions $.
«Puisque l’entreprise était le plus bas soumissionnaire, qu’elle n’était pas inscrite au Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics et qu’elle n’était pas coupable d’une infraction en regard de la Loi sur les contrats des organismes publics, l’assemblée nationale n’avait pas d’autre choix que de lui octroyer le contrat», a précisé la porte-parole Noémie Cimon-mattar.
Même à L’AMF, chargée de passer les firmes à la loupe, on s’attendait à ce que les règles soient à nouveau resserrées. «On est parti à 40 millions $, puis on est descendu à 10, puis à 5. La Loi prévoit qu’ultimement tous les contrats publics seront visés par la loi», a fait valoir le porte-parole de l’organisme, Sylvain Théberge.