« Le PM menace la liberté d’expression »
Fatima Houda-pepin s’insurge de l’intervention du cabinet de Philippe Couillard au sujet d’une caricature
L’ex-députée libérale Fatima Houda-pepin accuse Philippe Couillard «d’intimidation» à l’endroit de la haute direction de Transcontinental, qui a retiré une caricature controversée après un appel du cabinet du premier ministre.
Le dessin, publié la semaine dernière dans Le Courrier du Sud de Longueuil, montrait M. Couillard vêtu d’une djellaba – une longue robe portée traditionnellement en Afrique du Nord – lançant des roches à son ancienne députée.
Pour Mme Houda-pepin, le comportement du chef libéral et de son entourage est tout simplement «odieux». «Quand vous êtes rendu à questionner la ligne éditoriale d’un journal et que ce questionnement vient du cabinet du premier ministre, c’est une menace à peine voilée, c’est une ingérence directe dans la liberté d’expression des médias!», lance-t-elle, en entrevue.
Selon elle, cette intervention est d’autant plus problématique en raison de la position de «vulnérabilité» de Transcontinental.
POSITION DÉLICATE
L’éditeur a lancé un cri du coeur au début du mois à l’assemblée nationale pour dénoncer le projet de loi 122, qui priverait les hebdomadaires locaux d’une importante source de revenus en abolissant l’obligation de publier les avis publics dans les journaux.
«Lorsque vous êtes justement dans une position de négociation, voire de vulnérabilité face à un premier ministre qui a un pouvoir de faire des choses qui pourraient avoir des conséquences sur votre entreprise, je trouve ça odieux que l’on puisse intimider les gens à ce point-là!», a pesté celle qui chronique dans les pages du Journal.
« UN MEURTRE »
Fatima Houda-pepin a reçu un appel samedi matin de la grande patronne de Transcontinental, Isabelle Marcoux, qui se confondait en excuses. «Elle était très troublée, elle m’a dit qu’elle avait reçu une plainte du cabinet du PM sur cette caricature», a-t-elle précisé.
Philippe Couillard a soutenu hier que l’intervention de son cabinet était justifiée. «On a juste signalé que ça nous apparaissait déplacé, on n’a pas demandé le retrait», a-t-il insisté. Selon le premier ministre, cette caricature dépeignait «un meurtre».
Transcontinental a envoyé un courriel laconique en guise de réponse à nos questions. «Le cabinet du premier ministre du Québec a porté à l’attention de TC Transcontinental la publication d’une caricature dans l’édition du 8 mars 2017 du journal Le Courrier du Sud. (...) Nous avons pris connaissance de cette caricature qui dépeint une femme se fai-
sant lapider et avons jugé qu’elle était déplacée et de mauvais goût», s’est-on limité à commenter.