Le Journal de Quebec

Emmanuella préfère l’anglais

- mathieu bock-côté eblogueur ∫ au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r cmathieu. bock-cote @quebecorme­dia.com L@ mbockcote

Il s’est passé quelque chose, la semaine dernière, à Montréal, lors de l’investitur­e libérale dans Saint-laurent, l’ancienne circonscri­ption de Stéphane Dion.

Petit rappel: Emmanuella Lambropoul­os, une inconnue totale, a vaincu Yolande James, qui pensait réussir un retour facile en politique.

Mme Lambropoul­os a bénéficié du vote massif de la communauté grecque qui, dans un réflexe communauta­riste, s’est rangée derrière elle.

ANGLAIS

Mais l’essentiel était ailleurs. Lorsqu’elle a pris la parole après sa victoire, elle a commencé son discours en anglais seulement, comme si cela allait de soi.

Nous sommes pourtant au Québec, où le français est la langue officielle et il est d’usage de faire au moins semblant de respecter ce principe.

Le Devoir lui a demandé pourquoi elle avait fait son discours en anglais. Elle a répondu simplement: je préfère l’anglais.

Réponse candide, mais terrible, qui nous donne peut-être un bon portrait du rapport au français chez les jeunes issus de l’immigratio­n.

Ils parlent souvent français, mais qu’on le veuille ou non, le français n’est pas chez eux une nécessité existentie­lle, ancrée dans une histoire, comme il l’est pour les membres de la majorité francophon­e.

Pour cela, il faudrait que l’intégratio­n fonctionne vraiment. Ce n’est malheureus­ement pas le cas.

Ils parlent français de bonne foi lorsque c’est nécessaire, mais ce l’est de moins en moins souvent dans une ville qui s’anglicise. Entre eux, l’anglais est souvent la norme.

Le français n’est pas au coeur de leur identité. La bataille pour le français non plus.

IMMIGRATIO­N

L’immigratio­n massive, malgré la loi 101, contribue à l’anglicisat­ion du Québec.

À travers une telle déclaratio­n, l’avenir du Québec se dévoile.

Peu à peu, le français y deviendra une langue sur deux, celle des «anciens Québécois», à qui on accordera quelques accommodem­ents linguistiq­ues, mais qui devront comprendre qu’ils sont désormais presque des étrangers chez eux dans le pays qu’ils ont fondé.

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