DEP déclare faillite
Des centaines de maisons de disques se retrouvent maintenant sans distributeur
La fermeture des magasins HMV a bouleversé l’industrie de la musique au Québec et fait très mal au distributeur indépendant DEP. L’entreprise, qui distribuait depuis 20 ans les disques de Vincent Vallières, Éric Lapointe et les Cowboys Fringants, a été forcée de déclarer faillite hier. Une centaine de maisons de disques devront maintenant se trouver un nouveau distributeur.
Les amateurs de Vincent Vallières n’ont pas à s’inquiéter. Le nouvel album de l’auteur-compositeur, Le temps des vivants, sera en magasin comme prévu ce vendredi.
Le disque sera visiblement l’un des derniers à être distribué par DEP, avec la fermeture annoncée hier après-midi. «Les disques sont déjà en magasin. Donc c’est business as usual. Si les gens veulent aller acheter le disque, ils le pourront», confirme François Bissondoyal, directeur disques chez Spectra Musique.
CHANGEMENTS
La faillite de DEP va entraîner plusieurs changements dans l’industrie musicale québécoise dans les prochains mois.
L’entreprise fondée à Montréal en 1996 avait des ententes avec plusieurs compa- gnies de disques importantes dans la province ( voir tableau).
«Il y avait deux joueurs indépendants au Québec. Il n’en reste plus qu’un, souligne Anne Vivien, vice-présidente exécutive au Développement musique de Québécor Groupe Média, qui s’occupe de Distribution Sélect (Musicor, Productions J). Il y a de la place pour des grandes transitions et certainement des alliances futures. Nous allons prendre soin des producteurs qui sont dans une mauvaise situation.»
Chose certaine, les maisons de disque touchées devront chercher un nouveau distributeur.
«Pour la distribution, avant, on avait deux acteurs majeurs au Québec, avec Sélect et DEP, indique Rafael Perez, président de Coyote Records (Karim Ouellet, Klô Pelgag). Avec cette nouvelle-là, on va peut-être assister à une percée des multinationales au Québec. Il y a plusieurs producteurs, dont moi, qui sont en négociation autant avec Sélect qu’avec Warner, Sony ou Universal. Il va y avoir une transformation de l’industrie au Québec, qui était jusqu’à aujourd’hui beaucoup contrôlée par des intérêts québécois.»
PERTE D’EMPLOI
En entrevue au Journal, le fondateur de DEP, Maurice Courtois, a indiqué que la fermeture récente des magasins HMV au Canada avait été l’un des principaux facteurs de la faillite de DEP.
«Quand HMV a fermé en janvier, on a cherché des façons de sauver la compagnie. Mais les pertes financières étaient trop importantes. [...] C’est très triste pour l’industrie, les employés, les labels. Après 20 ans, je mets le genou par terre.»
Avec la fermeture des bureaux de DEP, une quinzaine de personnes perdent leur emploi.