Le propriétaire de la bâtisse veut réaliser son projet de tour à condos
«Je ne me laisserai pas voler!» lance le propriétaire de l’église Saint-coeur-deMarie, qui refuse que la Ville de Québec l’exproprie.
Louis Lessard, comme les propriétaires de cinq autres sites, est visé par une modification au Programme particulier d’urbanisme (PPU) de la colline parlementaire. La Ville se donne la possibilité de l’exproprier et de revendre le bâtiment à un autre promoteur qui le prendrait en charge.
Les autres propriétés sont la maison Pollack, la «petite maison blanche» de l’avenue Wilfrid-laurier, l’îlot Lépine et le terrain vague appartenant à Jacques Robitaille dans la côte d’abraham.
« INJUSTE »
Hier, lors d’une consultation publique à laquelle assistaient plus d’une centaine de personnes, Louis Lessard et Jacques Robitaille, ce dernier par l’entremise de son représentant Guillaume Neveu, ont tous deux demandé que leur propriété soit exclue du programme d’acquisition de bâtiments de la Ville. Dans le cas de Robitaille, on plaide qu’une demande de permis de construction est à l’étude.
Louis Lessard est convaincu que personne n’achètera l’église en piteux état si la Ville continue d’exiger sa préservation sans offrir de subvention. «C’est injuste vis-à-vis de la population, parce que c’est lui mentir», a-t-il pesté lors d’un entretien avec Le Journal.
Si le projet tarde à se réaliser sur le site de l’église de style byzantin sur Grande Allée, c’est la faute de la Ville qui a demandé des ajustements à répétition, soutient M. Lessard, qui a présenté neuf versions au fil des ans. «On pénalise un promoteur qui a fait ses devoirs pendant sept ans.»
Il espère maintenant qu’on le laisse réaliser son projet de 18 étages comprenant 130 condos de luxe ainsi qu’un stationnement souterrain, une galerie d’art et un café. Le tout coûterait 40 millions$ et rapporterait un demi-million de dollars par année en taxes, estime-t-il.
NOMBREUX PARTISANS
Le promoteur avait de nombreux partisans dans l’assistance. Plusieurs sont venus au micro dire que le projet était acceptable. Une citoyenne a même dit avoir «de la peine» pour le promoteur qui a mis des années d’efforts dans son projet. C’est le seul endroit où il y a un projet sur la table, a noté un résidant. D’autres ont affirmé qu’ils ne voulaient pas que la Ville injecte de l’argent des taxes pour acquérir l’immeuble.
Les représentants de la Ville ont souligné que la modification au PPU donnait «un outil», mais qu’il n’est pas garanti qu’il soit utilisé. «La Ville a fait le choix de protéger l’église à cause de sa valeur patrimoniale», a expliqué Serge Bédard, conseiller en urbanisme.
La chef de l’opposition, Anne Guérette, est venue dire qu’elle était d’accord avec l’acquisition de tous ces immeubles.