Le Journal de Quebec

Une skieuse aurait préféré dormir dans un bain ou un igloo

Elle voulait éviter les avances de son coach, accusé d’agression sexuelle

- Claudia Berthiaume l Cberthiaum­ejdm claudia.berthiaume@quebecorme­dia.com

Une des victimes alléguées de l'exentraîne­ur Bertrand Charest a raconté avec hargne hier avoir préféré dormir dans un bain d’hôtel ou un igloo à l’extérieur afin de ne pas subir les avances de son coach.

«Mon enfance m’a été volée», a lancé l’ex-skieuse, exaspérée.

Sophie (nom fictif) a parlé «d'horreur» et «d’enfer» pour décrire les saisons où Bertrand Charest était son coach, dans les années 1990.

Les premiers attoucheme­nts allégués seraient survenus lors de matchs de basketball amicaux. Sophie avait 12 ans.

«Il était colleux. Il me poignait les fesses. J'ai vu tout de suite comment il était», a témoigné la femme aujourd'hui dans la trentaine, au palais de justice de Saint-jérôme.

L’accusé de 51 ans fait face à 57 chefs d’agression sexuelle et de contacts sexuels sur 12 jeunes skieuses, entre 12 et 19 ans.

Ce serait avec son entraîneur que Sophie aurait perdu sa virginité, à l'âge de 15 ans, lors d'un voyage en Europe. Charest serait allé la chercher dans sa chambre pour l'amener dans la sienne.

«Je ne sais pas comment je me suis retrouvée couchée sur le dos, sur son lit, pas de bobettes, mais j'ai eu ma première relation sexuelle avec un homme», a expliqué Sophie au juge Sylvain Lépine.

« RELAXE »

Elle avait mal, mais Charest lui aurait dit: «Relaxe, ça va passer», a noté l’exskieuse, précisant que la relation n'était pas protégée.

«Je ne l'ai pas repoussé. J'aurais aimé ça avoir le courage, mais je n'ai pas été capable», a-t-elle souligné.

À l'époque, Sophie avait des aspiration­s olympiques, et elle avait besoin de son coach pour s'améliorer, a-t-elle indiqué. Si elle refusait les avances de Charest, ce dernier la «boudait» lors des entraîneme­nts, a dit l’ex-athlète.

Il y aurait ainsi eu plusieurs autres relations sexuelles complètes entre l'ado et Bertrand Charest, notamment à la résidence de celui-ci et dans la salle de bain d'un hôtel d'europe.

Pour ne pas se faire «gosser» par son entraîneur, il lui est même arrivé de construire un igloo à l’extérieur du chalet où l’équipe logeait.

Mais il y a eu une fois où elle aurait refusé ses avances, lors d'une escale dans un hôtel. Sophie aurait eu ses premières règles ce soir-là.

Charest n'avait pris qu'une chambre, avec un seul lit, a relaté l’ex-athlète. «Plus je me tassais dans le lit, plus il se collait en cuillère. Je sentais son érection», a-t- elle noté.

Elle aurait donc agrippé oreiller et couverture pour aller se coucher dans le bain.

PHOTO AUTOGRAPHI­ÉE

Sophie n’aimait pas non plus la façon dont Charest l’entraînait. «Ce n’était pas sain, toujours du négatif», a-t-elle dit.

Au terme d’une saison, l’ex-skieuse lui aurait toutefois donné une photo d’elle, a suggéré l’avocat de la défense en contreinte­rrogatoire.

«À mon coach et complice, merci pour tout. [Sophie] xxx», peut-on y lire.

«Quand tu caches un secret en toi, tu fais semblant qu’il ne s’est rien passé», at-elle argué pour expliquer son geste.

Sophie aurait gardé le silence sur les agressions alléguées pendant 20 ans, jusqu’en 2015.

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L’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest est détenu depuis son arrestatio­n, en mars 2015, par les enquêteurs de la police de MontTrembl­ant.
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