« Aimez-vous les uns les autres », sermonne le juge

«Aimez-vous les uns les autres est l’un des premiers principes de l’église catholique», a vivement rappelé hier le juge Gilles Garneau à un accusé se disant «croyant» qui a plaidé coupable à du harcèlement à l’égard d’une femme de confession musulmane. Entre les mois d’octobre 2016 et février 2017, Christian Lavoie, un homme de 35 ans avec un bon passé criminel, a tenté de développer une relation plus amoureuse qu’amicale avec sa voisine nouvellement arrivée dans l’immeuble d’appartements. Lorsque la dame d’origine française lui a signifié ne pas être intéressée et après lui avoir dit qu’elle était de confession musulmane, Lavoie a eu des comportements qui ont suscité de la crainte chez la victime.

INTIMIDATION

Il faisait du bruit, frappait dans les murs, donnait du jambon au fils de madame, notamment. La situation s’est envenimée jusqu’au 3 février dernier, soit cinq jours après la tuerie survenue à la grande mosquée de Québec, qui a fait six victimes et dix-sept orphelins. «Comme l’accusé avait mis sur sa porte de logement des affiches islamophobes du genre “Stop islamisation” ou encore “Défends-toi, c’est ici chez toi”, la dame a eu peur et les policiers se sont rendus chez monsieur», a brièvement relaté le poursuivant, Me Michel Fortin. À l’intérieur de l’appartement, une arbalète et des milliers de tracts fraîchement imprimés portant des slogans ou des termes islamophobes ont été retrouvés, et l’homme a été arrêté.

ACCUSÉ « CROYANT ET PRATIQUANT »

«Je vois que vous portez une croix au cou. Pourquoi?» a demandé le magistrat à l’accusé qui a répondu que c’était parce qu’il était «croyant» et qu’il avait été élevé dans une famille d’accueil très «pratiquante».

«Dans ce cas, vous devriez réviser votre petit catéchisme parce que le premier principe dit de s’aimer les uns les autres… Vous pratiquez, vous êtes un catholique, pis vous vous permettez de critiquer les autres religions…», a alors laissé tomber le juge devant l’accusé pantois.

Après l’avoir bien sermonné, le magistrat a accepté de surseoir au prononcé de sa peine pour une période de deux ans et il a imposé 100 heures de travaux communautaires à Lavoie qui devra également faire un don de 3000 $ à l’acquis de la victime, mais aussi à celui de la mosquée de Québec.