Des commissions en échange d’ordonnances de Botox
Une médecin de famille des Laurentides a plaidé coupable d’avoir encaissé 10 000 $ en commissions d’une compagnie de soins esthétiques, en échange d’ordonnances sur des injections.
La Dre Annie-claude Bergeron, qui travaille à l’urgence de l’hôpital de SaintEustache, a plaidé coupable aux trois chefs d’infractions du Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec (CMQ), hier.
« BESOIN D’UN MÉDECIN »
On lui reproche entre autres d’avoir encaissé des commissions d’une compagnie en fonction du volume d’injections vendues (comme le Botox et les agents de comblement).
«On a une entreprise privée qui a besoin d’un docteur pour ses activités commerciales, pour revendre à profit», a résumé Me Anthony Battah, avocat du syndic.
En novembre 2013, la Dre Bergeron a été approchée par la compagnie Dermaveda, qui offre des soins esthétiques.
«Elle cherchait un médecin pour signer des ordonnances collectives, qui permettent aux infirmières de faire des injections, a expliqué Me Battah. Un médecin avait quitté [cette fonction], et on cherchait un remplaçant.»
Ce dernier n’a pas pu confirmer si l’exmédecin en question fait l’objet d’une enquête ou d’une plainte. La Dre Bergeron a même reçu 110 $ pour cette «rencontre exploratoire», a-t-il dit.
Ainsi, la médecin de famille avait signé des «ordonnances collectives» à quatre infirmières de Dermaveda, ce qui leur permettait d’injecter les produits.
INTERMÉDIAIRE ESSENTIEL
Selon la plainte, la Dre Bergeron a reconnu avoir ouvert des comptes auprès de différentes compagnies pharmaceutiques en 2014, pour permettre à Derma- veda de s’approvisionner et de revendre des produits.
«La compagnie avait besoin de l’intermédiaire d’un médecin, puisqu’ils ne peuvent pas s’approvisionner directement», a précisé Me Battah.
Selon le syndic, l’omnipraticienne recevait une commission d’environ 4 $ par injection. Au total en cinq mois, elle a encaissé environ 10 000 $ en chèques de Derma Sculpture (lié à Dermaveda).
«C’est interdit, parce que ça affecte de façon irrémédiable les devoirs d’indépendance, […] de conflits d’intérêts», dit Me Battah.
Par ailleurs, la Dre Bergeron a plaidé coupable d’avoir «signé en blanc» des ordonnances sans avoir évalué les patients.
« DE BONNE FOI »
À noter que la Dre n’avait pas de formation spécifique en médico-esthétique. Selon son avocate, celle-ci a cessé de son plein gré ses activités, en juin 2014.