Le Journal de Quebec

1978 Amoureuse manipulée ou complice volontaire?

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Le 28 juillet 1978, Marie-andrée Leclerc, une Lévisienne de 32 ans, était acquittée d’un meurtre en Inde, après avoir attendu son procès pendant deux ans dans des conditions de détention inimaginab­les… Pourtant, son calvaire ne faisait que commencer.

Trois ans plus tôt, au cours d’un voyage touristiqu­e en Thaïlande, elle avait rencontré Charles Sobhraj, un Français d’origine vietnamoin­dienne, et en était tombée follement amoureuse. Elle devait le rejoindre quelques mois plus tard. Pendant plus d’un an, le couple voyagea en Inde, au Népal, en Thaïlande et ailleurs dans le Sud-est asiatique, semant sur son chemin entre 15 et 20 cadavres, tous de jeunes touristes. Selon les accusation­s portées contre eux après leur arrestatio­n, survenue en juillet 1976, Sobhraj et Leclerc agissaient toujours de la même façon. Seuls ou aidés par des complices, ils se liaient d’amitié avec leurs futures victimes, les droguaient et les volaient. Parfois, des corps étaient retrouvés, mais certains, plus chanceux, se retrouvaie­nt sans argent et sans papiers, n’ayant plus qu’à porter plainte et tenter de se faire rapatrier par leur ambassade.

Preuves troublante­s

Le Journal a suivi de près tous les rebondisse­ments de cette affaire et de nombreux articles furent publiés entre 1978 et 1984. Marie-andrée Leclerc a toujours nié les actes qui lui étaient reprochés. Par contre, il fut prouvé par plusieurs témoignage­s, au cours des procès qui ont suivi, qu’elle était la compagne attitrée de Sobhraj. Selon la preuve, elle voyageait avec lui, utilisait de faux passeports et avait même administré la drogue à certaines victimes. Acquittée d’un premier meurtre, à New Delhi, elle fut reconnue coupable d’un autre, lors d’un procès subséquent (en 1982), et condamnée à perpétuité. En 1983, atteinte d’un cancer des ovaires, elle fut rapatriée à Lévis sous promesse de se rapporter aux autorités tous les trois mois et de retourner en Inde après sa guérison. Le cancer l’a emportée le 20 avril 1984 à l’âge de 38 ans. Quant à Sobhraj, il a passé 21 ans en prison en Inde, de 1976 à 1997. Il est retourné en France jusqu’en 2003, avant de commettre une erreur et de retourner au Népal où il était toujours recherché. Il y est incarcéré depuis.

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