À 12 ans, elle s’est automutilée à cause d’un sexto
Une jeune fille est allée jusqu’à s’automutiler après qu’une photo d’elle en sous-vêtements envoyée à un garçon eut fait le tour de son école secondaire. Elle n’avait que 12 ans.
«La culpabilité et la honte se sont emparées de son être et de son petit corps», peuton lire dans une lettre que sa mère a fait parvenir au directeur de l’école secondaire de sa fille il y a deux ans, après les événements, et qu’elle a accepté de partager avec Le Journal.
Après avoir reçu une photo d’un garçon de son école «montrant fièrement son pénis», sa fille a accepté de lui envoyer une photo d’elle en soutien-gorge, après quelques demandes insistantes. La photo a par la suite été partagée sur les réseaux sociaux. Les parents ont porté plainte au service de police, après en avoir été avisés par la direction de l’école.
répercussions énormes
Les répercussions ont été énormes pour la jeune fille, raconte sa mère. «Son comportement, ses notes, sa confiance en elle, plus rien ne fonctionnait», peut-on lire.
La jeune fille a aujourd’hui réussi à s’en sortir, mais sa mère garde un goût amer de la manière dont le directeur a géré cet événement. «Vous avez condamné immédiatement ma fille à l’erreur, elle était selon vous la responsable», écrit-elle. Le jeune garçon, qui a fait au moins une douzaine de victimes grâce au même stratagème, a reçu un méritas lors du gala de fin d’année, dénonce la mère.
« À géométrie variable »
La manière de gérer des cas de sextos dans les écoles secondaires varie d’une école à l’autre, affirme de son côté Cathy Tétreault, directrice du Centre Cyber-aide. Heureusement, souligne-t-elle, les directions d’école cherchent maintenant à aider les jeunes à s’en sortir plutôt que de jeter le blâme sur les victimes par manque d’information.
«Mais les écoles n’en parlent pas beaucoup parce que ça donne mauvaise presse», ajoute-t-elle, en soulignant que c’est plutôt le contraire qu’il faut faire.
Certaines directions d’école l’ont toutefois bien compris. Marie-josée Landry, directrice de l’école secondaire Les Sentiers à Québec, a envoyé une lettre à tous les parents de l’école lorsqu’elle a dû gérer son premier cas de sexto, il y a quelques années. «La journée où j’ai appuyé sur “envoyer”, je savais que ce serait controversé», se rappelle-t-elle.
Dans sa missive, elle décrivait les événements de même que les conséquences juridiques. «Je voulais un peu forcer une discussion avec leur enfant et leur rappeler qu’ils ont le droit de voir le contenu de leur téléphone, explique-t-elle. On n’aime pas ça quand ça arrive, mais ce genre de situation se vit probablement dans toutes les écoles du Québec. Il faut plutôt y voir une opportunité de faire de la sensibilisation.»