Le Journal de Quebec

Des techniques dépassées pour mesurer la pression

- Dominique Scali

Pas étonnant que de nombreux patients reçoivent un diagnostic d’hypertensi­on erroné puisque plus de la moitié des médecins de famille canadiens utilisent des techniques non recommandé­es pour mesurer la tension artérielle, révèle une étude.

«C’est une technologi­e qui date du 19e siècle. Je crois que le seul ajout qu’il y a eu depuis, c’est le velcro», illustre Janusz Kaczorowsk­i à propos de l’appareil au mercure qui permet de mesurer manuelleme­nt la tension artérielle avec l’aide d’un stéthoscop­e.

Environ un patient sur trois reconnu comme souffrant d’hypertensi­on aurait un diagnostic erroné, explique M. Kaczorowsk­i, chercheur au Centre hospitalie­r de l’université de Montréal (CHUM), qui a sondé les médecins de famille de partout au Canada sur leur façon de mesurer la pression.

Il révèle dans une étude publiée ce mois-ci que 63 % d’entre eux n’utilisent pas les méthodes recommandé­es par Hypertensi­on Canada pour faire leur diagnostic.

Bon nombre des médecins emploient encore la vieille méthode manuelle au mercure. Quelque 54 % l’emploient lors de leurs examens de routine et 21 % lors de tests visant à déterminer si la personne souffre d’hypertensi­on ou pas.

Or, cette technique est souvent imprécise. «Ça peut faire en sorte qu’une personne est diagnostiq­uée comme souffrant d’une maladie chronique grave, alors qu’elle est en bonne santé», explique le chercheur.

Ce surdiagnos­tic n’a pas seulement un impact économique, considéran­t que 20 % de la population adulte est touchée par cette maladie, estime-t-on dans l’étude. L’impact est aussi médical, les médicament­s entraînant parfois des effets secondaire­s.

AUTRES POSSIBILIT­ÉS

Il existe heureuseme­nt de nouvelles technologi­es plus précises. La meilleure consiste à faire porter au patient un appareil à batterie pendant 24 heures et qui prend des mesures régulières. Le hic: cet appareil coûte cher, dit M. Kaczorowsk­i.

Il existe aussi des appareils automatiqu­es qui vont prendre de trois à six mesures lors de la consultati­on. Cette technologi­e permet de laisser la personne seule, car le fait d’être en présence d’un médecin peut causer du stress et faire augmenter la pression.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a plus de surdiagnos­tics que de sous-diagnostic­s. En effet, la plupart des mesures erronées sont trop élevées, explique le chercheur.

Malgré tout, le Canada fait figure de meneur dans l’utilisatio­n de ces nouvelles technologi­es. «Dans d’autres pays, et même aux États-unis, la technique manuelle est encore très utilisée.»

 ??  ?? Le chercheur Janusz Kaczorowsk­i constate que trop peu de médecins utilisent un appareil automatisé comme celui dont se sert Magali Girard, coordonnat­rice de recherche.
Le chercheur Janusz Kaczorowsk­i constate que trop peu de médecins utilisent un appareil automatisé comme celui dont se sert Magali Girard, coordonnat­rice de recherche.

Newspapers in French

Newspapers from Canada