Le chantage médical
La puissante Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) sonde discrètement ses membres. Sous prétexte d’un sondage interne sur les «réformes» Barrette, la FMSQ verse dans une victimisation outrancière.
Certaines des réponses à choix multiples révélées hier par Le Journal frôlent l’indécence. Ainsi, s’il y avait gel de leur rémunération, la FMSQ demande à ses membres s’ils prendraient leur retraite plus tôt, ou quitteraient le Québec ou le régime public lui-même.
DÉNIGREMENT ?
Ce faisant, la FMSQ bascule dans le chantage médical. D’autres choix de réponses sur un supposé «dénigrement ambiant» des médecins leur suggèrent en fait qu’ils ne seraient que de pauvres victimes de la vindicte populaire ou médiatique.
Pourtant, rien n’est plus contraire au statut de «victime» que les augmentations de revenus faramineuses engrangées ces dernières années par les médecins spécialistes.
Selon une étude de l’institut de recherches et d’informations socioéconomiques (IRIS), les revenus des médecins ont bondi de 66 % en 10 ans. L’an dernier, ils coûtaient plus de 7 milliards $ aux contribuables.
FORMIDABLE ASCENSION
L’IRIS note que cet enrichissement magistral sous forme de «rattrapage» face au reste du pays s’est accéléré en 2007 sous le gouvernement Charest. Soit au moment même où Philippe Couillard était ministre de la Santé et Gaétan Barrette, l’actuel ministre en titre, présidait la FMSQ.
Travailleurs autonomes, les médecins québécois ont aussi droit à l’incorporation – un avantage net sur le plan fiscal. Dans un tel contexte, combien on parie qu’ils sont plutôt rares à se voir comme des victimes?
Combien on parie aussi qu’ils sont en fait nombreux à se contenter de la formidable ascension socioéconomique dont ils ont été bénis sous le tandem des docteurs Couillard-barrette? Le tout, sans que l’accessibilité aux soins suive la même courbe ascendante pour les patients.
Au lieu de crier au loup blessé, la FMSQ ferait beaucoup mieux de se payer un bon examen de conscience… sociale.