Toujours pas de date pour un procès trois ans plus tard
Des proches de deux victimes de meurtre déplorent les nombreux reports
Au moment où les autorités tentent de réduire les délais judiciaires, les proches d’une femme tuée avec son conjoint à Lachenaie déplorent que le dossier du meurtrier allégué soit revenu plus de 35 fois devant le tribunal en trois ans, sans qu’une date de procès ne soit encore fixée.
«Je suis allée à des audiences au moins 20 ou 25 fois. Maintenant, je ne m’y présente plus à chaque fois, ça ne sert à rien», a lancé Annie Lemieux.
Sa soeur, Julie Lemieux, a été retrouvée sans vie le 13 février 2014 dans sa résidence du boulevard Pierre-le Gardeur à Lachenaie, aux côtés de son conjoint Luc Gélinas.
Le fils de ce dernier, Guillaume Gélinas, est présentement en attente d’un procès pour le meurtre prémédité du couple.
REPORTS ACCUMULÉS
Au moment du drame, le jeune homme alors âgé de 22 ans résidait depuis un certain temps avec son père et sa bellemère. Militaire, il revenait tout juste d’une mission en Afghanistan. Une ordonnance de non-publication nous empêche de divulguer les détails de cette affaire.
Néanmoins, on peut mentionner que le dossier de Guillaume Gélinas accumule les reports depuis trois ans.
Et malgré les nombreuses apparitions du jeune homme en cour, la date du procès prévu au palais de justice de Joliette n’a toujours pas été fixée, s’indigne Mme Lemieux.
«Je crois que ça pourrait facilement aller en 2018. Ça ne fait pas de sens. On ne parle pas d’un vol de tondeuse, ce n’est pas banal», insiste-t-elle.
Plusieurs reports ont notamment été occasionnés par Gélinas lui-même, selon ce que l’on peut constater en consultant le Plumitif. Notons qu’il a changé d’avocat en cours de route, il y a deux ans.
« ÇA FAIT TROIS ANS QUE J’IGNORE CE QUI S’EST PASSÉ. C’EST LONG! JE NE PEUX DONC PAS BOUCLER LA BOUCLE, PASSER À AUTRE CHOSE.» – Annie Lemieux, la soeur de Julie
BOUCLER LA BOUCLE
Si la soeur aînée de Julie Lemieux s’impatiente que le procès ne débute, c’est qu’elle espère enfin pouvoir tourner la page. Elle ne croit pas malgré tout être en mesure d’assister à l’entièreté de ce procès, pour des raisons financières.
Mais elle souhaite tout de même savoir à tout prix ce qui est arrivé à sa soeur, de qui elle était «très proche». «Ça fait trois ans que j’ignore ce qui s’est passé. C’est long! On ne peut donc pas boucler la boucle, passer à autre chose», a-t-elle expliqué, avec émotions.
«Je ne veux pas les détails scabreux. J’ai simplement besoin de connaître le fil des événements. Pour l’instant, on se fait des hypothèses dans notre tête, c’est facile de se faire des scénarios», a précisé Mme Lemieux.
Si elle a accepté de parler publiquement de son indignation, c’est qu’elle espère que son message soit enfin entendu et que les choses débloquent lors de la prochaine audience de Guillaume Gélinas, le 10 avril prochain.
«Il n’y a pas personne qui dit qu’il faut procéder. Je comprends maintenant pourquoi le système de justice coûte cher», s’est insurgée Mme Lemieux.
PLUS DE DROITS
Elle se dit aussi très inquiète de constater que les accusés ont davantage de droits que les familles de victimes.
«On n’a aucun droit. On n’a pas le droit de parler, pas le droit d’agir. Tout ce qu’on peut faire, c’est de pleurer et d’attendre», a-t-elle ajouté.