Le Journal de Quebec

Le cinéma libéral

- joseph facal

Je vais vous faire une confidence: j’aime les bons films d’épouvante.

J’ai dit les «bons» films d’épouvante. Ils sont rarissimes.

Les meilleurs selon moi? Psycho (1960), Rosemary’s Baby (1968), The Exorcist (1973), The Shining (1980).

Ce sont les meilleurs parce qu’ils ont inventé ou perfection­né les trucs de base du genre.

Pourquoi la plupart des films d’horreur sont-ils mauvais? C’est très simple.

RECETTE

Les mécanismes pour créer de la peur sont rudimentai­res et peu nombreux.

Quand ils sont utilisés par un réalisateu­r médiocre, les ficelles deviennent des cordes. On voit tout venir d’avance.

Quand la tension monte, vous savez que la musique creepy va commencer.

Quand la belle fille se lève la nuit pour prendre un verre d’eau, vous savez que la femme de ménage surgira à l’improviste dans son dos.

Quand le gars est enfermé dans les toilettes pendant que les zombis essaient de défoncer la porte, vous savez qu’il aura, comme par hasard, de la misère avec la serrure de la fenêtre.

Quand un bon réalisateu­r est aux commandes, il utilise tous ces vieux trucs, mais il trouve le moyen de nous faire embarquer quand même.

Allez voir Get Out, de Jordan Peele, pendant qu’il est à l’affiche sur grand écran. Vous verrez ce que je veux dire.

Pourtant, on continue à faire des tas de mauvais films d’horreur qui semblent trouver leur public, des ados j’imagine.

On pourrait dire la même chose de la comédie, un autre genre ultra-difficile. Les grandes comédies sont rarissimes.

Les studios se disent: pourquoi mettre des efforts à faire de la qualité s’il y a suffisamme­nt de gens prêts à payer pour de la médiocrité, disposés à se contenter d’un produit qui recycle les mêmes recettes éculées?

Où je veux en venir avec ça? J’en viens au budget présenté par le gouverneme­nt Couillard.

Pourquoi faire de efforts si les gens se contentent de peu ?

Quoi, vous ne m’aviez pas vu venir? Vous me décevez. Je devrais faire du cinéma.

Pendant les deux années qui suivent votre élection, vous haussez les impôts et les taxes. Vous réduisez aussi les services de santé et d’éducation, les plus coûteux.

En augmentant vos revenus et en réduisant vos dépenses, vous vous constituez une belle cagnotte.

Vous savez que les gens ont très peu de mémoire. Ceux qui suivent une télésérie ont souvent besoin d’un rappel de la fin de l’épisode précédent.

MERCI !

Puis, quand on approche des élections, vous vous félicitez d’avoir bien géré et vous flattez le peuple d’avoir été aussi vaillant.

Vous déliez alors les cordons de la bourse et redonnez au peuple une fraction seulement de son propre argent.

Il pensera que vous lui faites un cadeau, vous dira merci et votera pour vous.

Les uns diront que c’est «cynique». D’autres diront que c’est «stratégiqu­e». Querelle de mots inutile.

L’important est que ça marche. C’est comme un film qui recycle tous les vieux trucs.

Si le monde est prêt à embarquer…

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada