Le Journal de Quebec

Médecin forcée de limiter son congé de maternité

Elle a démissionn­é de son poste à l’urgence

- Geneviève Lajoie

Forcée de limiter son congé de maternité à six mois, une jeune médecin d’urgence de Québec a démissionn­é de son poste.

«C’est un droit qui est acquis pour toutes les Québécoise­s, je ne vois pas pourquoi moi, en tant que médecin, je n’aurais pas le droit de passer un an avec mon bébé, de l’allaiter, de le voir grandir, de l’éduquer, de ne pas remettre ces soins-là à une nounou!», peste la jeune femme, qui a accepté de raconter son histoire au Journal à condition qu’on ne dévoile pas son identité.

Votée par les urgentolog­ues du CHU de Québec en 2015, une directive stipule que les congés de maternité ne doivent pas dépasser six mois. Jusqu’à tout récemment, cette règle n’était pas appliquée à la lettre, les établissem­ents faisant preuve de latitude.

Mais les restrictio­ns d’embauche découlant des politiques du ministre Gaétan Barrette, qui impliquent que les départs à la retraite et absences temporaire­s ne sont pas remplacés, ont changé les choses, insiste notre interlocut­rice.

Les médecins d’urgence ont été prévenus dans les derniers mois que les congés de maternité de plus de six mois ne se- raient plus tolérés, précise celle qui devra réorienter sa carrière vers la pratique en clinique.

INJUSTICE

Elle estime être victime d’une injustice. «Être femme, ça veut dire justement avoir accès à la maternité pour celles qui le désirent.»

Membre de l’associatio­n des jeunes médecins, elle demande au ministre de la Santé de mettre un terme à cette pratique «inacceptab­le et frustrante».

Interrogé sur le sujet récemment, le Dr Barrette s’est dit surpris et déçu que des médecins aient pu adopter une telle directive. «Elle ne fait pas mon affaire, cette règle-là, mais il n’en reste pas moins que je ne peux pas intervenir», a-t-il fait valoir.

DISCRIMINA­TOIRE

La députée caquiste Sylvie D’amours estime que cette façon de faire est discrimina­toire et réclame des gestes concrets pour interdire cette pratique. «Le médecin est un travailleu­r autonome, mais n’a qu’un seul employeur: le gouverneme­nt. C’est à lui de trouver une solution.»

Au CHU de Québec, on n’est pas en mesure de préciser combien de démissions sont reliées à la limitation des congés de maternité dans les établissem­ents de la capitale nationale.

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