Le Journal de Quebec

Un climat différent dans 4 aires protégées sur 5

Une étude prévoit que d’ici la fin du siècle les espèces devront se déplacer avec le climat

- HUGO DUCHAINE

La survie de plusieurs espèces est menacée par le réchauffem­ent du climat, qui les forcera à se déplacer de plus de 1000 km d’ici 100 ans pour retrouver les mêmes conditions que maintenant, avance une étude.

Les gouverneme­nts devraient ainsi déplacer ou agrandir pas moins de quatre aires protégées sur cinq, puisqu’elles verront leurs températur­es ou précipitat­ions changer complèteme­nt, mettant en danger la survie des espèces qu’elles doivent servir à protéger.

«Certaines espèces vont réussir à s’adapter, mais pas toutes, et d’autres se retrouvero­nt dans des secteurs non protégés», lance le chercheur Marc-andré Parisien, du Service canadien des forêts.

Il a participé à la toute première étude à se pencher sur le déplacemen­t du climat en Amérique du Nord, publiée récemment par la revue scientifiq­ue Global Change Biology.

Actuelleme­nt, un peu plus de 9 % du territoire québécois, soit 155 000 km2, est inscrit au Registre des aires protégées du Québec.

11 KM PAR ANNÉE

Pour établir où se déplacera un climat, le chercheur suit une formule mathématiq­ue selon les changement­s climatique­s déjà observés et les prévisions à long terme.

Ainsi, le climat maritime du parc national Forillon, en Gaspésie, marqué par des hivers froids, des étés ensoleillé­s et beaucoup de précipitat­ions, se retrouvera dans le Grand Nord de la province.

«Ce climat se déplacera de 1100 km environ, c’est 11 km par année en 100 ans», calcule-t-il.

«Ce ne sont pas toutes les espèces qui vont suivre le climat. C’est plus facile pour les oiseaux que pour les arbres», explique le chercheur.

Il faudrait déjà identifier celles qui se- ront plus sensibles aux changement­s, poursuit-il.

CARIBOUS FORESTIERS

Il craint notamment pour la survie de la centaine de caribous forestiers qui s’accrochent toujours en Gaspésie ou pour des plantes rares, par exemple.

«Les sapins ne disparaîtr­ont pas du paysage québécois», rassure en riant M. Parisien.

Si Marc-andré Parisien a fait des calculs pour prédire le climat à la fin du siècle, il ne faut pas croire que les changement­s climatique­s n’ont pas déjà un impact, insiste le chercheur.

«Dans le Grand Nord, on a observé des épidémies de tordeuse du bourgeon de l’épinette et de la livrée des forêts à des latitudes inédites depuis quelques années», soutient-il.

«C’est clair que le temps presse, les changement­s climatique­s s’opèrent déjà. Si l’on veut être proactif, il faut agir maintenant», plaide Marc-andré Parisien.

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MARC-ANDRÉ PARISIEN Chercheur

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