Une culture malsaine à changer
Un rapport dénonce les conditions d’un collège militaire où quatre étudiants se seraient enlevés la vie
OTTAWA | Le commandant en chef des Forces armées canadiennes promet de mettre fin au grave climat de «punition» qui règne dans l’une des plus importantes écoles militaires du pays et qui a été récemment le théâtre de nombreux suicides présumés d’étudiants, dont deux Québécois.
«Les reproches envers le leadership et la culture punitive au Collège militaire royal canadien (CMRC) [à Kingston] sont très inquiétants et il va y avoir des changements […] Oui, ces jeunes sont des élèves-officiers, mais ils ne sont pas des prisonniers», déclare le général Jonathan Vance au Journal.
«Nous allons redonner du temps aux cadets pour qu’ils puissent relaxer et de profiter véritablement de leurs temps libres […] Il y aura une nouvelle stratégie de prévention de suicide et plus de personnel médical sur le campus», continue-t-il.
Celui-ci réagissait à un rapport sur le climat, l’environnement et la culture au CMRC qu’il a commandé à la suite d’une série de quatre décès soudains d’élèves en l’espace de quatre mois. Les enquêtes sont toujours en cours, mais la thèse principale est celle du suicide.
PIRE QUE DANS L’ARMÉE
Dans le document exhaustif de plus de 200 pages, les huit experts ont rapporté les propos de plus de 400 membres de l’institution universitaire qui forme les futurs officiers de l’armée, dont 200 élèves-officiers.
Selon leurs recherches, le moral chez les jeunes varie de «faible» à «bon», mais plusieurs étudiants dénoncent une «culture punitive» qui leur impose un stress constant. Un stress plus élevé que dans l’armée. Bon nombre d’entre eux se tournent vers l’alcool pour se soulager.
«Plus de la moitié des élèves-officiers interrogés ont parlé de difficultés vécues avec leurs supérieurs […] Ils mentionnent l’inexpérience, l’inefficacité, l’inaccessibilité, le manque de respect et des attitudes généralement négatives», écrivent les auteurs.
CHANGEMENTS IMMÉDIATS
Au final, le rapport émet plus de 70 recommandations, que le Général Vance compte accepter dans leur ensemble.
Celui-ci promet de revoir en profondeur l’ensemble du programme au CMRC, mais va aussi reprendre le contrôle direct des trois principales écoles militaires du pays.
«Nous voulons motiver nos gens. Dans les Forces armées, nous sommes plus axés vers la carotte que vers le bâton. Nous voulons rarement utiliser le bâton. Mais au CMRC, nous avons besoin de moins de bâton», promet le général.
Le rapport a aussi souligné qu’il n’y avait pas de problèmes «systémiques» de santé mentale ou de comportements sexuels inappropriés à l’école.