Une grande dame

Alors que j’étais étudiant dans le cadre d’une mineure en théâtre à L’UQAC au milieu des années 1980, j’avais eu l’occasion de croiser à quelques reprises à Montréal Janine Sutto dans quelques théâtres. Mais ce n’était pas sur scène, non! Elle était spectatrice.

En effet, dans le cadre de mes cours, nous allions deux fins de semaine par année à Montréal pour aller voir du théâtre dit expérimental. Et madame Sutto y était en tant que spectatrice. Cela m’étonnait chaque fois puisque j’associais Janine Sutto à son rôle qu’elle avait tenu dans la populaire série Symphorien à Télé Métropole.

Je ne la savais pas éprise par le théâtre moderne ou expérimental. C’était bien mal connaître cette femme de grande culture qui s’intéressait à tous les aspects de son métier d’actrice.

De retour dans ma région, j’avais fait des recherches à son sujet et j’avais découvert de visu qu’elle avait tenu de très grands rôles dans de grands classiques du théâtre. Et je découvris plus tard qu’elle était une amie proche de Félix Leclerc alors que celui-ci demeurait à Vaudreuil-Dorion dans les années 1950. Je l’entendis dire des choses touchantes au sujet de Félix, qu’elle semblait connaître mieux que quiconque. Madame Sutto était à la fois une femme discrète et solitaire tout en étant très proche de nous. Une femme empreinte d’une très grande humanité et qui aura marqué l’imaginaire québécois.

Son départ me chagrine, mais le souvenir que je garderai de cette grande comédienne en sera un de beauté, de lumière et de joie intérieure.