Le Journal de Quebec

Rémunérati­on en hausse de 48 % pour 6 dirigeants de l’entreprise

Ensemble, Alain Bellemare et Pierre Beaudoin ont reçu 19,5 M$ en 2016

- Philippe Orfali l orfali

Les grands patrons de Bombardier sont passés à la caisse en 2016: la rémunérati­on des six hauts dirigeants de l’entreprise a bondi de 48 % dans la dernière année, malgré les milliers de mises à pied et l’aide financière de plusieurs milliards de dollars consentie par Québec et Ottawa pour la sortir du pétrin.

Les nombreux problèmes de Bombardier n’auront pas empêché la haute direction de se verser de généreuses augmentati­ons. Elle a touché près de 32 millions $ US l’an dernier, soit presque 43 millions de dollars canadiens.

Plusieurs de ses membres ont vu leur rémunérati­on bondir du tiers, de moitié, voire de 93 % en 2016.

Un peu moins de la moitié de ce montant constitue des primes et d’autres avantages qui s’ajoutent au salaire «de base».

Président du conseil d’administra­tion de l’entreprise, Pierre Beaudoin voit ses revenus passer de 5 millions $ en 2015 à 7 millions $ en 2016. Une hausse de 36,5 %.

Le chef de la direction, Alain Bellemare, a pour sa part touché près de 12,5 millions $ en salaire et autres avantages, un bond de 47,7 %.

À la tête de la division Avions d’affaires, David Coleal a enregistré une augmentati­on de 55 % de sa rémunérati­on, qui atteint désormais 6 millions $.

Son collègue des Avions commerciau­x gagnera également près de 6 millions $, 93 % plus que l’an dernier. Ce ne sont que quelquesun­es de ces augmentati­ons «surprenant­es» rendues publiques hier par l’entreprise.

« LE C. A. COMPLÈTEME­NT DÉCONNECTÉ »

«Mais quel message est-ce que ça envoie aux contribuab­les, aux travailleu­rs, aux milieux financiers de Montréal et de Toronto?» s’interroge Michel Nadeau, directeur général de l’institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques (IGOPP), qui se montre décontenan­cé par cette décision.

«Le C. A. est complèteme­nt déconnecté de la réalité, de son milieu, qui a fait face à de grosses pertes d’emplois. Les contribuab­les ont investi des milliards avec Investisse­ment Québec, avec la Caisse de dépôt et placement, une troisième fois avec le gouverneme­nt du Québec, avec Ottawa… Come on, serrez-vous la ceinture un peu!» lance-t-il.

Pierre Beaudoin, issu de la famille Bombardier, n’est plus que président du conseil d’administra­tion, et ses tâches ne justifient «en rien» un salaire de 5,3 millions $ US, croit M. Nadeau. «C’est 5 millions de trop.»

« UNE ENTREPRISE PRIVÉE »

Qu’en pense la ministre de l’économie, Dominique Anglade? «Ces décisions relèvent du conseil d’administra­tion. Bombardier est une entreprise privée», affirme son attachée de presse, Cynthia St-hilaire.

Elle rappelle que le gouverneme­nt du Québec est impliqué dans le C Series, et non dans Bombardier inc. directemen­t.

Bombardier a annoncé 7500 suppressio­ns d’emploi en octobre dernier, qui s’ajoutent aux 7000 annoncées en février 2016.

 ??  ?? Pierre Beaudoin, président du conseil d’administra­tion de Bombardier, et Alain Bellemare, président et chef de la direction de Bombardier, ont vu leur revenu augmenter en 2016.
Pierre Beaudoin, président du conseil d’administra­tion de Bombardier, et Alain Bellemare, président et chef de la direction de Bombardier, ont vu leur revenu augmenter en 2016.
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