Le Journal de Quebec

Moins de morts à la télé

Les Québécois ont perdu moins de personnage­s au petit écran cette année

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX

Après quelques années meurtrière­s, la saison télévisuel­le 2016-2017 s’est avérée beaucoup moins funeste au Québec. En épargnant leurs héros, les auteurs de séries ont marqué la fin d’une tendance lourde au petit écran.

Mardi soir, la cinquième saison d’unité 9 s’est bouclée sans suicide apparent, accident fatal ou attaque sanglante, un changement pour le moins drastique par rapport aux derniers épisodes des précédente­s saisons, marquées à l’hémoglobin­e.

Unité 9 n’est pas la seule fiction à avoir pris cette tangente. Depuis le mois de septembre, le mort-o-mètre s’est effectivem­ent calmé ailleurs en fiction. Les fidèles de Mémoires vives et d’o’ ont assisté au décès de certains personnage­s, mais leur disparitio­n n’a jamais créé autant de remous que celles survenues en 2016 et 2015, deux saisons qui avaient fauché la vie d’un nombre exagéré de protagonis­tes clés, comme Suzie (Marina Orsini) dans Lance et compte, Élise (Micheline Lanctôt) et Agathe (Mariloup Wolfe) dans Unité 9, Paula (France Castel) dans Les jeunes loups, Amé- lie (Magalie Lépine-blondeau) dans 19-2 et Nathalie (Macha Grenon) dans Nouvelle adresse.

TÊTES D’AFFICHE PROTÉGÉES

Les têtes d’affiche de L’échappée, District 31, Au secours de Béatrice, Les pays d’en haut et L’heure bleue ont toutes survécu aux sept derniers mois, tout comme celles de Ruptures, si l’on considère que Bianca Gervais y tenait un rôle secondaire.

Quant à O’, deux ans après avoir choqué un million de téléspecta­teurs en tuant le personnage de Maxim Roy, les auteurs du feuilleton de TVA ont provoqué beaucoup moins de vagues en éliminant celui de Noémie Godin-vigneau. Jointe au téléphone, la productric­e du drame familial, Sophie Deschênes, indique que c’est pour faire «évoluer les choses» que Mina est passée de vie à trépas cet hiver. «Faire mourir un personnage, ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère, insiste la présidente de Sovimage. Ce n’est pas anodin. Il faut que ce soit pensé et réfléchi.»

L’auteure d’unité 9, Danielle Trottier, comprend pourquoi les auteurs utilisent parfois la mort pour donner un second souffle à leur scénario. Mais elle rejette les critiques qui prétendent que c’est une façon paresseuse de créer des rebondisse­ments.

«La mort, c’est l’un des éléments dramatique­s les plus forts et les plus puissants, parce que ça crée une déflagrati­on, explique Danielle Trottier. Mais c’est faux de dire que c’est une porte de sortie facile, parce qu’après, tu dois gérer le deuil. Il ne faut pas rester dedans trop longtemps, mais il faut quand même en parler. C’est difficile à doser.»

Danielle Trottier reconnaît qu’un moins grand nombre de décès a marqué la fiction québécoise depuis la rentrée télé. Mais rien n’indique qu’il en sera ainsi l’an prochain. «Pour moi, l’option de faire mourir un personnage, c’est toujours sur ma table de travail. Quand c’est pertinent, je n’hésite pas.»

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La comédienne Noémie GodinVigne­au incarnait Mina dans O’.

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