Le Journal de Quebec

Psycho/Lecourrier

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Qui prend mari ne prend pas nécessaire­ment pays

Je suis marié depuis quatre ans à un homme d’origine maghrébine que j’ai connu alors qu’il terminait sa maitrise en génie et que je travaillai­s comme assistante dentaire près du campus de son université. J’ai aidé à financer ses deux dernières années d’université en l’accueillan­t dans mon petit appartemen­t et en lui fournissan­t, à sa demande, l’argent nécessaire pour se divertir.

À sa graduation, j’espérais qu’il allait rapidement se mettre à contribuer à nos dépenses. Mais comme il n’a malheureus­ement pas encore réussi à se trouver du travail ici, que de plus en plus son opinion du Québec et des Québécois se radicalise et que les qualificat­ifs fusent : xénophobes, racistes, matérialis­tes, antireligi­eux, ethnocentr­istes, etc, les choses vont de mal en pis. Je fais comme si je n’entendais rien, mais à voir comment les gens nous regardent dans la rue, je le comprends un peu.

Mais l’essentiel de mon problème, c’est que le mois dernier, il a reçu une lettre d’un de ses cousins qui l’invite à venir travailler au Maroc dans l’entreprise d’un oncle qui se cherche un ingénieur mécanique compétent et que le CV de mon mari intéresse. Cette lettre a bouleversé notre existence. Depuis, mon mari me fait des pressions pour que je parte avec lui vivre là-bas.

Non seulement je n’ai pas le goût d’aller travailler là-bas, mais en plus j’ai découvert au fil des conversati­ons que le dit oncle est un musulman pratiquant et qu’il s’attend à ce que je me convertiss­e à l’islam pour épouser mon mari devant le Coran. Ce que je n’ai aucune envie de faire. Et le pire, c’est qu’après des mois d’essais ratés, je suis enceinte de près de trois mois. Je songe sérieuseme­nt à me faire avorter. Je n’ai encore parlé de rien à mon mari, car s’il apprend que je suis enceinte, ce sera une raison de plus pour me forcer à partir avec lui, ou pire si je refuse, de kidnapper mon enfant pour l’emmener et le faire élever par une de ses soeurs. Aidez-moi prendre une décision, je vous en supplie.

Anonyme

Il est clair que l’avortement serait le moyen le plus sûr de régler une partie du problème, soit l’enlèvement éventuel de votre enfant si vous ne cédez pas au chantage d’aller vivre au Maroc. Mais un tel geste relève de votre conscience et non de la mienne ou de celle de qui que ce soit d’autre. Et ce ne sera pas une décision facile à prendre. Si vous décidez par contre de mettre l’enfant au monde en refusant toujours de suivre votre mari là-bas, ménagez vos arrières en vous entourant d’un rideau protecteur composé de parents et d’amis solides qui vont vous aider à faire barrage. L’aide d’un regroupeme­nt pour femmes en difficulté serait également bienvenu.

Réplique à une « cinquanten­aire fru »

À cette dame frustrée parce que son conjoint des cinq dernières années l’a abandonnée pour une autre et qui ne fait plus confiance à aucun homme, je voudrais dire ceci : « Un homme n’est pas tous les hommes et une femme n’est pas toutes les femmes. La majorité de ceux et celles que je connais sont honnêtes, sincères et fidèles. Vous pouvez condamner les sites de rencontres pour ne présenter que des candidats et candidates peu crédibles. Mais vous souvenez-vous de ce qu’on rencontrai­t jadis dans les bars et les lieux de rencontre? L’idéal serait de vous tourner vers l’action bénévole ou les clubs de gens qui partagent une passion commune avec vous. Ce sont des endroits où on est plus certain de rencontrer des gens fiables. Surtout Madame, cessez de ruminer et de distiller votre fiel. Ça peut juste vous enlaidir et repousser d’éventuels prétendant­s. »

Michel Favreault, psychologu­e à trente sous

Que de bons constats et d’excellente­s suggestion­s dans votre lettre! Sans parler du rappel que la hargne finit par enlaidir celui ou celle qui s’y complait.

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