Le Journal de Quebec

Tollé chez les employés et les fournisseu­rs

Une augmentati­on qui crée des remous partout au Québec

- Philippe Orfali l orfali

«Ignobles», «mauvais gestionnai­res», «honteux»: la spectacula­ire hausse de rémunérati­on que se sont payée les dirigeants de Bombardier malgré ses difficulté­s suscite l’indignatio­n des employés et fournisseu­rs rencontrés par Le Journal, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour éviter des représaill­es.

Les travailleu­rs et fournisseu­rs de l’entreprise ne se gênent pas pour critiquer l’augmentati­on de salaire de 48 % des six grands patrons de Bombardier, qui survient après des milliers de mises à pied et de l’aide de plusieurs milliards $ de Québec et Ottawa.

«Le gouverneme­nt Couillard devrait demander un remboursem­ent. Il s’est fait avoir», lance John, un employé rencontré devant des installati­ons situées près de l’aéroport Montréal-trudeau.

Cette décision démontre «l’hypocrisie» de Bombardier estime un autre. «Je pensais que nous étions en difficulté­s. S’ils sont capables de recevoir des hausses, on devrait recevoir les mêmes», lance-t-il, «amer».

« SITUATIONS IMPOSSIBLE­S »

Même son de cloche chez des fournisseu­rs, qui sont souvent «mis dans des situations impossible­s», selon l’un d’eux, qui a fait affaire avec le constructe­ur pendant presque 15 ans.

«Avoir Bombardier comme client, c’est courir le risque de tout perdre, de faire faillite, régulièrem­ent. C’est accepter de faire des profits extrêmemen­t minces et de devoir attendre jusqu’à 250 jours pour être payé», explique cet ancien fournisseu­r d’équipement­s électroniq­ues spécialisé­s.

Pendant des années, il dit avoir eu de la difficulté à payer ses propres employés à cause des délais pris par Bombardier pour payer ceux qui lui procurent des pièces ou de l’équipement. «On est forcés d’aller voir la banque pour payer nos gens. Quand on dit à Bombardier que ça n’a pas d’allure, ils nous disent qu’ils vont aller ailleurs.»

FAILLITE

Il y a trois ans, CEIT Interioris­te de Saint-hyacinthe, spécialisé dans l’aménagemen­t de véhicules ferroviair­es, avait déclaré faillite après avoir perdu un contrat de Bombardier. L’entreprise ne disposait pas des liquidités pour payer ses propres fournisseu­rs.

Interrogé à savoir ce qui expliquait ces délais, Bombardier s’est fait évasif. «Les détails des paiements qu’effectue Bombardier sont confidenti­els, cependant, la fréquence des paiements est conforme aux normes de l’industrie et à nos conditions contractue­lles», a indiqué le porte-parole de Bombardier, Simon Letendre.

« AVOIR BOMBARDIER COMME CLIENT [...], C’EST ACCEPTER DE FAIRE DES PROFITS EXTRÊMEMEN­T MINCES ET D'ATTENDRE JUSQU’À 250 JOURS POUR ÊTRE PAYÉ » –Unex-fournisseu­r « LE GOUVERNEME­NT COUILLARD DEVRAIT DEMANDER UN REMBOURSEM­ENT. IL S’EST FAIT AVOIR » – Unemployé

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Sur la photo prise en février 2015, on voit des employés de Bombardier travaillan­t sur le CS300 en vue du vol inaugural à l'aéroport de Mirabel, près de Montréal. La rémunérati­on de certains dirigeants suscite maintenant la grogne chez des travailleu­rs.
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