L’ex-ministre qui rêve de devenir maire
Jean-pierre Blackburn souhaite être élu à la tête de Saguenay
Après avoir été à la tête de prestigieux ministères au sein du gouvernement fédéral sous Stephen Harper et même ambassadeur à L’UNESCO, JeanPierre Blackburn est récemment sorti de sa confortable retraite pour tenter d’ajouter une des seules choses qui manque à son CV. Le Journal s’est entretenu avec celui qui rêve maintenant de succéder à Jean Tremblay à la mairie de Saguenay. Qu’est-ce qui vous attire aujourd’hui dans les défis du municipal, comme la gestion des nidsde-poule ou la réfection des égouts, après avoir été ministre et ambassadeur? «Je connais le fonctionnement de l’appareil fédéral. Je connais le fonctionnement de l’appareil provincial. Pour moi, chaque fois qu’on a un projet d’importance dans une ville, il faut obtenir l’aval budgétaire d’ottawa et de Québec pour enlever de la pression sur l’enveloppe fiscale que nous avons sur notre propre ville, à Saguenay. En plus, j’ai eu le privilège d’être ambassadeur à L’UNESCO. J’ai connu le volet de la grande institution internationale. En même temps, j’ai réalisé la difficulté de faire avancer les choses. […] Là, je m’en viens de l’autre côté, à la base. Je connais l’importance d’une municipalité. Ce n’est pas le député qui bâtit un dossier, c’est la Ville. Je suis un homme de dossier, et pour moi, un non, ça n’existe pas. C’est dans mes gènes.»
Après les mairies de Montréal et de Québec, celle de Saguenay est l'une des plus scrutées à travers la province. Êtes-vous prêt pour toute cette attention? «Il y a une différence importante entre le maire Jean Tremblay et moi, de par notre personnalité. Il y a des enjeux qui sont importants pour lui, qu’on voit dans les médias et pour lesquels je n’ai pas la même intensité du tout. Quand je pense au futur de ma ville, il y aura un “avant” et un “après” 5 novembre (NDLR: date des élections municipales). Je veux être impliqué dans ma région. J’ai l’intention d’être présent autour de la table et de m’assurer que Saguenay joue un rôle plus grand en matière de leadership sur la scène régionale, au même titre que j’espère que le Saguenay joue un plus grand rôle sur la scène provinciale. Le rayonnement de Saguenay, ça passe par la croissance économique.»
Depuis plusieurs années, de nombreux cas de corruption ont éclaboussé la classe politique municipale, notamment à la suite de la Commission Charbonneau. Ça vous intéresse vraiment d’évoluer dans ce milieu? «Je suis quelqu’un de correct. Si tu es correct, que tu n’abuses pas de tes pouvoirs, que tu es dynamique et que tu veux contribuer au rayonnement de ta ville, peut-être qu’il y aura des critiques à l’occasion, mais je vais essayer de passer au travers. Vous ne me trouverez pas sur ce genre de question. Je ne suis pas comme ça. Je suis transparent. Je n’ai pas de difficultés avec ça. Je n’étais pas là avant, et je n’ai de dettes envers personne. Je ne dois rien à personne, à savoir tel organisme doit avoir un contrat parce que ci ou parce que ça. Je n’en ai pas, de dettes, et je veux être élu comme tel.»
Depuis l’annonce de votre candidature, vous multipliez les rencontres avec les élus provinciaux et fédéraux. Pourquoi? «Pour moi, à Saguenay, il faut avoir des amis partout, à l’échelle provinciale et fédérale. […] Je ne veux pas m’occuper de la couleur politique.»
Le maire de Montréal Denis Coderre a effectué un parcours similaire au vôtre en se lançant à la mairie après un passage remarqué sur la scène fédérale. Quelle est votre relation avec lui? «M. Coderre a déjà été mon critique quand j’étais dans le gouvernement, et quand Denis Coderre se lève en Chambre, c’est toujours stressant. Il le savait et je pense qu’il exploitait ses talents à merveille. […] Je pense que je peux apprendre de M. Coderre. Il a la plus grande ville, et il semble bien naviguer là-dedans vu d’ici. En même temps, je vois qu’il gagne ses dossiers auprès de Québec, et moi aussi j’aimerais que Saguenay gagne ses dossiers auprès de Québec. Je vais m’arranger pour obtenir des résultats.»
Dans la même veine, que pensezvous de votre éventuel homologue à Québec, Régis Labeaume? «Je le connais bien. Nous avons déjà eu un différend à l’égard de certains projets de Développement économique Canada. C’est quelqu’un que je respecte. C’est un homme qui va marquer la Ville de Québec et son développement. Pour moi, ce sont deux personnes (NDLR: Coderre et Labeaume) tellement visibles à l’échelle du Québec.»
Quelle serait la plus grande différence entre vous et l’actuel maire Jean Tremblay? «Je suis particulièrement quelqu’un qui est à l’écoute. Avant de prendre une décision, je réfléchis, j’analyse. C’est ma façon d’être. Quand vous êtes en poste 20 ans, vous avez réalisé des choses. Maintenant, aucun maire, aucun politicien n’est parfait. Tout le monde essaie de bien faire. Je regarde l’oeuvre de l’homme, et j’espère que les choses vont bien aller d’ici le 5 novembre.»