Le Journal de Quebec

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Donald Trump est un charlatan, doublé d’un bouffon et d’un ignorant.

Il doit sa victoire à ses talents de vendeur, à la crédulité de millions de personnes et à la faiblesse de son adversaire.

Mais cela ne signifie pas que tout ce qu’il fait est toujours mauvais. Il a eu raison d’ordonner des frappes aériennes contre le régime Assad en Syrie.

Le vrai problème est qu’elles ne changeront rien.

DEUX FACES

La politique est une médaille à deux faces.

La face noble de la politique, c’est la recherche de solutions collective­s à des problèmes collectifs.

La face moins noble, c’est la gestion des apparences afin de marquer des points auprès de l’opinion publique et aux dépens de vos adversaire­s.

De nos jours, ce deuxième aspect accapare beaucoup plus de place que jadis.

Comme nos sociétés sont de plus en plus complexes, les élus ont de moins en moins de prise sur les événements.

Ils sont comme des surfeurs qui auront l’air plus ou moins habiles, mais qui visent surtout à ne pas tomber et ne contrôlent absolument pas la direction de la vague.

Après les images atroces de l’attaque chimique commise par les troupes d’assad, Trump aurait été blâmé s’il n’avait fait que la déplorer. Il agit parce qu’il n’a pas le choix. Il n’a jamais montré le moindre intérêt pour les problèmes du MoyenOrien­t et ne s’intéresse à la scène internatio­nale que sous l’angle des menaces qu’elle peut faire peser sur les intérêts américains.

C’est une spectacula­ire volte-face, mais les virages à 180 degrés sont inévitable­s en politique.

Barack Obama n’a pas été un mauvais président au total, mais c’est lui qui a laissé la guerre civile syrienne prendre une tournure irréversib­le en n’agissant pas dès qu’elle a éclaté, en 2011.

Au-delà du « show de boucane» que sont ces frappes à partir de navires stationnés loin en mer, Trump n’a que des mauvaises options devant lui

On a beau décréter qu’on bannit la complexité, celle-ci revient inévitable­ment et s’impose à vous.

maintenant.

D’autres frappes aériennes épisodique­s ne changeront rien à la situation sur le terrain tant que le régime syrien sera soutenu par Moscou, dont on sent cependant la colère envers Assad.

Prendre les grands moyens pour faire tomber Assad, comme Bush le fit avec Saddam Hussein, impliquera­it de déployer des milliers de soldats sur le terrain et de se charger de la reconstruc­tion du pays pendant des années, au coût de milliards de dollars.

On a vu les résultats en Irak et en Afghanista­n.

Tout le programme politique de Trump, ou ce qu’il en reste, achèverait d’être totalement déraillé, sans compter qu’il est radicaleme­nt sousqualif­ié pour ce chantier.

COMPLEXE

Au moins, espérons que Trump achèvera de perdre ses ridicules illusions sur ses «amis» russes.

Ces événements auront aussi montré à cet homme et à son armée de trolls, plus silencieus­e depuis quelques semaines, que le monde n’est pas simple parce qu’on voudrait qu’il le soit.

On a beau décréter qu’on bannit la complexité, celle-ci revient inévitable­ment et s’impose à vous.

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JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

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