Le Journal de Quebec

Rigueur budgétaire, fouillis routier

- Mario dumont eblogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont@quebecorme­dia.com L@ mariodumon­t

Tous les lecteurs du Journal ont dû faire la même face que moi en lisant la citation du ministre des Transports «L’état des routes s’améliore». Fait cocasse, Laurent Lessard contredisa­it ainsi des données de son propre ministère publiées dans les annexes au budget.

Le tableau qu’on y dépeignait était moins rose. La moitié des routes du Québec sont en mauvais ou très mauvais état selon les évaluation­s du MTQ et cette proportion a récemment augmenté. Un portrait assez inquiétant lorsqu’on prend en compte tous les discours que nous avons entendus sur le rattrapage en cours dans l’entretien de nos infrastruc­tures.

IMPRESSION MINISTÉRIE­LLE

Le ministre s’est même permis de contester les constats de son ministère. Assez loufoque et peu profession­nelle, d’ailleurs, cette scène où le ministre en titre remet en cause des données de son ministère, mais à partir d’impression­s générales. Pas de données complément­aires ou d’informatio­ns qui fourniraie­nt un autre éclairage, à part un indice de confort de roulement.

Le ministre s’est contenté de dire que d’après lui, les routes sont en meilleur état que ne l’indique ce portrait. Et à l’appui de ces dires, le fait que nous ayons vu tant de cônes orange ces dernières années.

J’ai plus d’une fois applaudi la rigueur budgétaire du gouverneme­nt libéral. Les finances du Québec sont en ordre. Le portrait est clair. D’ailleurs, nous commençons collective­ment à en récolter des bénéfices tangibles. Bloomberg notait cette semaine que l’écart entre les taux sur emprunt du Québec et de l’ontario se trouve à parité. Nous avions payé des taux supérieurs à l’ontario depuis des décennies.

Comment se fait-il que nous ne puissions pas démontrer la même rigueur et le même sérieux dans la gestion des infrastruc­tures routières? Un déficit chronique d’entretien des infrastruc­tures constitue une forme cachée de dette. Tout comme la dette budgétaire, si nous faisons preuve de négligence aujourd’hui, nos enfants vont ramasser le fardeau demain.

PAS DE PORTRAIT CLAIR

Je m’explique mal que le même gouverneme­nt qui aime répéter sur tous les toits que les finances du Québec sont en ordre accepte que le portrait des routes soit un tel fouillis. Après avoir vécu des effondreme­nts de viaduc, après avoir annoncé des planificat­ions de travaux d’infrastruc­tures à coup de milliards, il est renversant que le Québec n’ait pas un portrait clair de l’état de ses routes et un plan aussi clair pour leur remise en état.

Plusieurs questions me paraissent fondamenta­les. Les travaux exécutés sont-ils faits avec les méthodes et matériaux de qualité qui assurent une durée de vie acceptable? Nous sommes nombreux à nous poser la question. Avonsnous aujourd’hui des investisse­ments suffisants pour faire du rattrapage ou tentons-nous seulement de stopper la détériorat­ion?

Si ces questions nous interpelle­nt, je suis loin d’être certain que le ministère des Transports soit même en mesure d’y répondre. Loin d’être géré avec les mêmes critères de rigueur que nos finances, notre ministère des Transports donne parfois l’impression d’être encore comme la voirie d’autrefois. Des bouts de route au gré des humeurs et des promesses d’élection.

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Un déficit chronique d’entretien des infrastruc­tures constitue une forme cachée de dette.

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