Le temps d’agir
À en juger par les suites données à la commission Bouchard-taylor, on a de bonnes raisons de soupçonner le gouvernement libéral de vouloir noyer le poisson en créant une commission sur le racisme systémique.
Il y a un problème réel. Il est plus difficile pour un Québécois issu de l’immigration de trouver un travail conforme à ses compétences.
Le taux de chômage des immigrants est de 11 %. Chez les membres de la communauté maghrébine, c’est 18 %. Pour l’ensemble du Québec, c’est 6,2 %.
Pour lutter contre ce fléau, les solu- tions sont connues: faciliter la reconnaissance des acquis, encourager la francisation et pénaliser ceux qui discriminent. Il est temps d’agir.
PROPOS VIOLENTS
En donnant suite aux demandes de groupes militants qui réclament une commission d’enquête, ce gouvernement, qui n’a pas fait bouger l’aiguille des statistiques depuis 15 ans, cherche à faire mal paraître ses adversaires avant les élections.
Il y a dans le propos de ceux qui appuient une telle enquête quelque chose d’assez violent. On affirme que Philippe Couillard et sa ministre Kathleen Weil, elle-même issue d’un groupe minoritaire, ne peuvent pas savoir par euxmêmes s’il y a un racisme systémique au Québec.
Comme si seules les personnes racisées devaient être invitées à s’exprimer. Le gouvernement semble le penser aussi, en ne nommant que des gens issus de groupes militants au comité chargé de définir le mandat d’une commission dont on devine déjà les conclusions. L’exercice promet d’être plus politique que scientifique.
Or, tous les Québécois ont des choses à dire là-dessus. On ne peut refuser le droit à quiconque de s’exprimer sur le devenir de sa société.
MINORITAIRES AUSSI
C’est un angle mort constamment présent dans le discours antiraciste. On assimile l’ensemble des Québécois au grand tout blanc qui opprimerait tout le monde.
On oublie que les francophones d’amérique appartiennent eux aussi à un groupe largement minoritaire et souvent marginalisé. Les épisodes récents du Maclean’s et de la très anglocentriste série The Story of Us viennent nous le rappeler.
Il ne s’agit pas de hiérarchiser les oppressions ou de prétendre que le racisme subi par les Québécois justifierait la xénophobie. Il s’agit plutôt de se re- connaître mutuellement dans nos difficultés et de faire route ensemble vers une société plus juste. On est déjà rendus là.
CE QUI NOUS UNIT
Pour y arriver, il faut des actions pour permettre une rencontre qui aura lieu dans tous les milieux. Pas une énième commission qui viendra culpabiliser les uns et les autres, puis les placer dos à dos.
La race est un concept inventé justement par ceux qui voulaient attribuer une valeur plus grande à certains peuples qu’à d’autres. On sait aujourd’hui que nous appartenons tous au même genre humain, dotés dans notre essence des mêmes droits.
Il serait temps d’agir en conséquence. C’est en tablant sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous différencie qu’on construira une société plus solidaire.