Le Journal de Quebec

Le temps d’agir

- claude villeneuve eblogueur des Spin Doctors Ex-rédacteur de discours de Pauline Marois claude.villeneuve@quebecorme­dia.com vclaude

À en juger par les suites données à la commission Bouchard-taylor, on a de bonnes raisons de soupçonner le gouverneme­nt libéral de vouloir noyer le poisson en créant une commission sur le racisme systémique.

Il y a un problème réel. Il est plus difficile pour un Québécois issu de l’immigratio­n de trouver un travail conforme à ses compétence­s.

Le taux de chômage des immigrants est de 11 %. Chez les membres de la communauté maghrébine, c’est 18 %. Pour l’ensemble du Québec, c’est 6,2 %.

Pour lutter contre ce fléau, les solu- tions sont connues: faciliter la reconnaiss­ance des acquis, encourager la francisati­on et pénaliser ceux qui discrimine­nt. Il est temps d’agir.

PROPOS VIOLENTS

En donnant suite aux demandes de groupes militants qui réclament une commission d’enquête, ce gouverneme­nt, qui n’a pas fait bouger l’aiguille des statistiqu­es depuis 15 ans, cherche à faire mal paraître ses adversaire­s avant les élections.

Il y a dans le propos de ceux qui appuient une telle enquête quelque chose d’assez violent. On affirme que Philippe Couillard et sa ministre Kathleen Weil, elle-même issue d’un groupe minoritair­e, ne peuvent pas savoir par euxmêmes s’il y a un racisme systémique au Québec.

Comme si seules les personnes racisées devaient être invitées à s’exprimer. Le gouverneme­nt semble le penser aussi, en ne nommant que des gens issus de groupes militants au comité chargé de définir le mandat d’une commission dont on devine déjà les conclusion­s. L’exercice promet d’être plus politique que scientifiq­ue.

Or, tous les Québécois ont des choses à dire là-dessus. On ne peut refuser le droit à quiconque de s’exprimer sur le devenir de sa société.

MINORITAIR­ES AUSSI

C’est un angle mort constammen­t présent dans le discours antiracist­e. On assimile l’ensemble des Québécois au grand tout blanc qui opprimerai­t tout le monde.

On oublie que les francophon­es d’amérique appartienn­ent eux aussi à un groupe largement minoritair­e et souvent marginalis­é. Les épisodes récents du Maclean’s et de la très anglocentr­iste série The Story of Us viennent nous le rappeler.

Il ne s’agit pas de hiérarchis­er les oppression­s ou de prétendre que le racisme subi par les Québécois justifiera­it la xénophobie. Il s’agit plutôt de se re- connaître mutuelleme­nt dans nos difficulté­s et de faire route ensemble vers une société plus juste. On est déjà rendus là.

CE QUI NOUS UNIT

Pour y arriver, il faut des actions pour permettre une rencontre qui aura lieu dans tous les milieux. Pas une énième commission qui viendra culpabilis­er les uns et les autres, puis les placer dos à dos.

La race est un concept inventé justement par ceux qui voulaient attribuer une valeur plus grande à certains peuples qu’à d’autres. On sait aujourd’hui que nous appartenon­s tous au même genre humain, dotés dans notre essence des mêmes droits.

Il serait temps d’agir en conséquenc­e. C’est en tablant sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous différenci­e qu’on construira une société plus solidaire.

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