Le Journal de Quebec

Une loi pour limiter les salaires?

Un organisme réclame un plafonneme­nt à 860 000 $ CAN par année pour les banquiers

- PIERRE COUTURE

De plus en plus de voix s’élèvent pour qu’une loi limite la rémunérati­on des hauts dirigeants des banques au pays.

«C’est par là qu’il faut commencer. Il faut débuter par le système bancaire», soutient le président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es (MÉDAC), Daniel Thouin.

Le MÉDAC, qui dénonce depuis 20 ans les plantureux salaires des banquiers lors des assemblées annuelles des actionnair­es, croit que le système bancaire canadien doit être réformé en profondeur.

«En éliminant les bonis et les options d’achat sur les actions, on ferait revenir bien des gens sur terre. Ça donnerait surtout l’exemple pour les dirigeants de sociétés publiques», signale M. Thouin.

Le MÉDAC dit s’inspirer d’une loi adoptée au début de 2016 par les parlementa­ires d’israël, qui plafonne les salaires des banquiers de ce pays à 862 000 $ CAN par année.

Cette loi israélienn­e stipule qu’aucun salaire versé dans le secteur financier ne peut excéder 35 fois celui de l’employé le moins bien payé au sein de la même société.

LE Say on Pay A SES LIMITES

Mouvement en pleine progressio­n au sein des actionnair­es des grandes entreprise­s publiques, le Say on Pay permet de voter à l’assemblée annuelle sur l’approbatio­n (ou non) de la rémunérati­on de la haute direction.

«C’est un beau vernis de démocratie qui a toutefois ses limites», reconnaît la professeur­e en sciences comptables de l’université de Sherbrooke, Sylvie Berthelot.

Dans le cas de Bombardier, les actionnair­es pourront bel et bien se prononcer le 11 mai prochain, lors de l’assemblée annuelle, sur la rémunérati­on proposée par l’entreprise à ses hauts dirigeants.

Or, l’exercice sera fait seulement à «titre consultati­f» dit «non contraigna­nt», peuton lire dans la circulaire de Bombardier distribuée à ses actionnair­es.

En Grande-bretagne et aux États-unis, la pratique du Say on Pay est obligatoir­e. Au Canada, elle demeure volontaire.

Une étude publiée l’an dernier faite auprès de 45 entreprise­s cotées à la Bourse de Toronto qui pratiquent depuis des années le Say on Pay n’a pas permis de faire un lien de cause à effet sur une baisse de la rémunérati­on des dirigeants.

LE CAS DE BARRICK GOLD

Reste que le cas de la minière canadienne Barrick Gold demeure très rare au pays.

En avril 2013, les actionnair­es de l’entreprise réunis en assemblée ont rejeté à 85 % la propositio­n de la direction d’augmenter le salaire de sa haute direction.

L’entreprise offrait notamment une prime d’embauche de 11,9 millions $ américains au coprésiden­t du c.a.

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