Les deux familles de charleshudon
Nouveau papa, le jeune hockeyeur tente de se tailler une place dans la LNH
ST. JOHN’S | Pour Charles Hudon, la route vers la LNH est longue et ardue. Séparé de sa fille d’un an et demi et de sa conjointe durant de longs moments chaque mois en raison de la présence du club-école du Canadien à Terre-neuve, le hockeyeur a une motivation encore plus grande de réaliser son rêve ultime afin d’être aux côtés des siens plus régulièrement, à Montréal.
Rares sont les hockeyeurs dans les ligues mineures, caressant l’objectif de se tailler une place dans la LNH, qui doivent conjuguer la vie familiale avec leur carrière sportive. La situation d’hudon est d’autant plus particulière alors qu’il doit peaufiner son art à l’autre bout du pays, à St. John’s, sur l’île de Terre-neuve. Le Journal s’y est rendu dans les derniers jours pour rencontrer l’espoir ainsi que sa conjointe et leur enfant, qui l’accompagnent toujours quand l’équipe évolue devant ses partisans.
En parlant de leur petite Lyah-hope autour de la table du condo que le couple loue lors de ses séjours dans la capitale terre-neuvienne, à une dizaine de minutes de l’aréna, le visage du papa et de la maman, Krystel-fay Gauvin, s’illumine.
«C’est la mienne, c’est sûr! Ma mère m’a montré des photos quand j’étais bébé et j’étais aussi bâti qu’elle. Tout ce qu’elle fait me faire rire. Ça va être une tough, je te le dis», lance l’attaquant originaire d’alma après être allé chercher la petite aux cheveux bouclés, qui ve- nait de compléter sa sieste d’aprèsmidi.
UNE CONCILIATION EN MONTAGNES RUSSES
Qui dit bébé, dit nécessairement les embûches qui viennent avec pour les nouveaux parents. Imaginez en plus quand cette nouvelle vie s’amorce à 2500 km de la maison, dans l’antichambre de la LNH, où un rappel est constamment possible.
Les deux amoureux, ensembles depuis bientôt quatre ans, se frottent les mains que leur joie sur deux pattes ne leur ait pas causé trop de soucis depuis son arrivée. Mais ils étaient loin de voir la chose du même oeil, en décembre 2014, quand ils ont su que la cigogne passerait.
«Comme joueur de hockey, c’était ma crainte que ça freine ma carrière. Qu’est-ce que ça fera, qu’est-ce qui va changer dans nos vies? On se pose des
questions. Oui, il y a du positif, mais ça pouvait amener du négatif. Je peux dire que ça m’a changé. Je ne suis pas quelqu’un qui se met beaucoup de pression sur les épaules, mais depuis qu’elle est là, je sais que je dois bien performer pour assurer sa qualité de vie dans le futur», avoue le hockeyeur de 22 ans.
Lyah-hope aura deux ans en août prochain. En raison de leur emplacement géographique, les Icecaps doivent partir chaque mois pendant près de deux semaines pour leurs matchs sur les patinoires étrangères, forçant Hudon à laisser les siens durant cette période. Maman et la petite en étaient à leur dernier séjour, lors notre visite, en raison de la fin de saison, après avoir fait la navette entre l’île et Montréal au cours des deux dernières années au gré du calendrier de l’équipe. Le couple possède une maison dans la région métropolitaine.
«L’an passé, ça a été plus difficile. Je sortais moins et je suis restée plus ici, j’allais moins aux matchs parce qu’elle devait dormir tôt sans quoi elle était plus fatiguée. Ça paraissait plus, mais à un et demi, elle est capable de me suivre plus», explique Krystel-fay, qui s’est liée d’amitié avec la conjointe du gardien Yan Danis, qui a trois enfants.
Des siestes cruciales
En bon paternel, Hudon a pris son rôle à coeur dès les premières semaines. Même si cela signifiait d’amputer de précieuses heures de sommeil à travers sa quête d’impressionner les dirigeants du Canadien.
«On n’a tellement pas eu de problèmes depuis qu’elle est née, ça n’a été que positif. Avant les [jours] de matchs, c’était Krystel qui se levait, sinon, c’était moi. Après les matchs, j’ai toujours de la misère à dormir tellement que tu es sur un
high d’énergie et il fallait lui donner à boire durant la nuit.
«Je ne dormais quasiment pas, mais de la façon dont on fonctionnait, ça fittait toujours dans le bon horaire et ça allait toujours bien. Puis, en étant sur la route pendant deux semaines, je pouvais reprendre mon sommeil le plus possible.»
Pour passer du temps en famille, l’ancien capitaine des Saguenéens a aussi modifié son horaire professionnel, question de ne pas affecter son temps passé à l’aréna. Et comment est Charles, le papa? «Il est un très bon papa, qui s’investit et qui passe du temps auprès d’elle. Il s’ennuie quand il est sur la route. Il trouve toujours des activités pour jouer avec elle. Il joue rough, mais elle aime ça!» vante sa conjointe.