Le Journal de Quebec

Le roi de la poutine n’avait « plus le goût à la vie »

Ashton Leblond a souffert d’une dépression majeure après une séparation douloureus­e

- Diane Tremblay l@ tremblay_jdeq

À 69 ans, Ashton Leblond fait des révélation­s surprenant­es dans sa biographie qui sera lancée demain. On y apprend que l’homme d’affaires, qui a élevé la poutine parmi les mets préférés des Québécois, a souffert d’une dépression majeure, en 2015.

Pour la première fois, le fondateur de la chaîne Chez Ashton brise le silence. Avant d’apprendre qu’il avait le cancer de la prostate, M. Leblond a vécu péniblemen­t la fin d’une relation amoureuse qu’il entretenai­t depuis une dizaine d’années.

«J’étais fatigué. J’avais travaillé fort pendant des années. Pour moi, il n’y a rien de pire que la trahison. Cela m’a porté un dur coup. J’étais K.-O. Je n’avais plus le goût à la vie», a raconté M. Leblond au Journal à la veille de la sortie officielle de son livre Ashton Leblond: Juste du vrai!, écrit par l’auteure Sonia Reid.

UN SECRET BIEN GARDÉ

L’entreprene­ur qu’il était ne se reconnais- sait plus. Lui, toujours combatif et prêt à repousser les limites, s’est senti vaincu.

«Je ne voulais plus voir mes amis. Je m’isolais. Ç’a duré 10 mois, jusqu’à ce que je me décide d’aller voir mon médecin», a-til ajouté, confiant du même souffle avoir dû recourir à des antidépres­seurs pour remonter la pente.

Au bureau, seulement quelques membres de sa garde rapprochée étaient au courant. Pendant un an, il n’a pas mis les pieds dans ses restaurant­s. Il a été opéré pour son cancer et il s’est refait une santé physique et mentale avant de revenir. M. Leblond a déjà perdu deux membres de sa famille par suicide, un frère et une soeur, à quelques années d’intervalle.

«J’avais déjà connu des hauts et des bas, mais comme tout le monde, je m’étais repris en main sauf que cette fois, j’étais à terre.»

UNE ENFANCE MALHEUREUS­E

Issu d’une famille de 18 enfants, Ashton Leblond a été élevé à la dure sur une ferme du 4e Rang de Saint-françois-xavier-deBrompton, dans les Cantons-de-l’est.

«J’étais très malheureux. Nous avons été des enfants battus et exploités. On a appris à travailler avant de marcher. On n’avait pas d’amour ni d’affection», a-t-il exprimé.

Son désir de fuir cette «prison» a fait en sorte qu’il a quitté l’école avant d’avoir terminé sa sixième année pour laver la vaisselle dans un restaurant pour 3 $ par jour.

Ces souvenirs rebrassent des émotions. Bien des gens d’affaires ont été obligés de mettre un genou au sol pour mieux se relever, dit-il, mais personne ne veut se vanter de ses faiblesses.

«On garde ça secret. On n’a jamais le droit d’avoir un air battu. Comme propriétai­re d’entreprise, on doit toujours être positif et de bonne humeur, mais on est humain. Pour ma part, je trouve ça libérateur de le dire.»

Le décès de son ami Guy Drouin, fondateur du Village Vacances Valcartier, l’an dernier, l’a ébranlé.

«J’ai trouvé ça pénible regarder dans le rétroviseu­r, car, quand je suis parti de la maison à 15 ans, j’ai fermé la porte sur mon enfance», a ajouté M. Leblond qui a appris à combattre ses vieux démons.

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En dévoilant son histoire au grand jour, l’homme d’affaires Ashton Leblond espère inciter les jeunes à surmonter les obstacles pour réaliser leurs rêves.
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