Le Journal de Quebec

Clémence pour 5000 fautifs

Le nombre de dossiers criminels réglés sans passer par les tribunaux en baisse

- ÉRIC THIBAULT

Pour une cinquième année consécutiv­e, le nombre de Québécois qui ont pu éviter les tribunaux après avoir été arrêtés pour un crime de faible gravité a continué de diminuer en 20162017.

Les auteurs de 5116 infraction­s ont réglé leur dossier hors cour et s’en sont tirés sans accusation en bénéfician­t du programme de traitement non judiciaire du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) durant la dernière année.

Cela représente une baisse de 35 % par rapport aux 7857 dossiers répertorié­s par le DPCP du 1er avril 2011 au 31 mars 2012.

BAISSE DE LA CRIMINALIT­É

Un tel constat pourrait surprendre compte tenu de l’engorgemen­t d’un système de justice plombé par des délais criants. Mais la Couronne explique cette diminution des cas non judiciaris­és par la baisse constante de la criminalit­é au Québec.

Les seuls dossiers admissible­s à un règlement hors cour en fonction de ce programme visent des crimes moins graves qui ne sont pas passibles d’une peine d’emprisonne­ment en vertu du Code criminel canadien — ce que les tribunaux appellent des «infraction­s sommaires».

Les policiers québécois en ont soumis près de 129 000 au DPCP il y a six ans, comparativ­ement à 111 000 en 2016-2017.

«Il y a nécessaire­ment moins de dossiers admissible­s au programme de traitement non judiciaire», a noté Me JeanPascal Boucher, porte-parole du DPCP.

La poursuite a consenti à régler environ 5 % de tous ces crimes en évitant à leurs auteurs de passer par la voie des tribunaux.

FUMEURS DE POT

Les bénéficiai­res de cette mesure clémente ne peuvent être des récidivist­es ni en avoir déjà profité au cours des cinq dernières années. De plus, les fautifs doivent accepter de remettre un juste dédommagem­ent à leur victime.

«C’est une bonne façon de rendre un message responsabi­lisant aux auteurs de crimes moins graves sans encombrer un système judiciaire déjà sous pression», a observé Catherine Rossi, professeur­e en criminolog­ie à l’université Laval.

Mais cette tendance à la baisse risque de s’accentuer dès l’an prochain avec la légalisati­on de la marijuana mise de l’avant par le gouverneme­nt Trudeau.

Le crime le plus fréquemmen­t non judiciaris­é par le DPCP est la possession simple de cannabis. Pas moins de 1824 dossiers semblables ont été réglés sans que les contrevena­nts aient à passer devant un juge l’an dernier.

Le DPCP envisage toutefois d’«étendre à de nouvelles infraction­s» la portée de ce programme, parmi ses efforts visant à réduire les délais judiciaire­s.

 ??  ?? La Couronne a réglé un peu plus de 5000 dossiers criminels que lui avaient soumis les policiers sans porter d’accusation­s contre les fautifs, au Québec, en 2016-2017. Sur la photo: Shawn Mac était en attente de son procès pour trafic de marijuana en...
La Couronne a réglé un peu plus de 5000 dossiers criminels que lui avaient soumis les policiers sans porter d’accusation­s contre les fautifs, au Québec, en 2016-2017. Sur la photo: Shawn Mac était en attente de son procès pour trafic de marijuana en...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada