Le Journal de Quebec

Marche émotive pour des parents endeuillés

Le deuil périnatal est encore un sujet tabou

- ELISA CLOUTIER

C’est avec beaucoup d’émotion que quelque 200 parents endeuillés ont affronté la pluie hier, à l’occasion de la 6e Marche des Perséïdes, pour rendre hommage à leur poupon parti beaucoup trop vite.

C’est entre plusieurs accolades, larmes et rires que les parents ont marché de l’université Laval au CHUL, jour de la fête des Mères, pour rendre hommage à leur enfant décédé. L’événement en soutien au deuil périnatal se veut un lieu de rencontre et, surtout, l’occasion d’aborder ce sujet «tabou» pour les parents dans le besoin.

«C’est un sujet qui indispose. Les gens n’osent pas l’aborder parce qu’ils ont peur de faire de la peine, mais, au contraire, ça nous fait du bien de pouvoir parler de nos enfants», indiquait l’animatrice radio et porte-parole de la Marche, Marie-christine Champagne, qui a perdu sa petite Ema en février 2016, après 22 semaines de grossesse.

JOURNÉE « DOUCE ET AMÈRE »

«La chose la plus douloureus­e pour moi, c’est de dire que je n’entendrai jamais le son du rire de ma fille, je n’entendrai pas ses petits pas dans le salon», at-elle avoué avec émotion.

«C’est une journée douce et amère à la fois. Pour ceux qui ont aussi des enfants vivants, tu dois gérer le fait qu’il y a encore de la vie autour. Mais, pour les parents qui n’ont toujours pas d’enfants vivants, qui sont parents juste dans leur coeur, c’est particuliè­rement difficile», ajoutait celle qui est aujourd’hui maman d’un petit garçon de 11 semaines.

DOULOUREUX SOUVENIRS

Pour la jeune maman Mélanie, qui a perdu sa petite Louanne à 39 semaines de grossesse en janvier dernier, sa présence à l’événement était d’abord et avant tout pour lui rendre hommage. «C’était ma première, on nous a dit qu’elle avait un problème sanguin», a-t-elle raconté, la voix nouée par l’émotion.

La tristesse était aussi palpable chez les grands-parents Bertrand et Jacynthe Maheux qui accompagna­ient leur fille Isabelle dans sa démarche, six ans après le décès de sa petite Mélina, à 38 semaines de grossesse. «Elle aurait six ans aujourd’hui, on pense toujours à elle», indiquait M. Maheux, en exhibant une petite photo du poupon dans son portefeuil­le.

Les plus récentes données de l’institut de la statistiqu­e du Québec indiquent que, en 2011, 785 bébés de moins d’un an sont décédés au Québec, dont 385 mortinaiss­ances (foetus de plus de 500 g) durant la grossesse.

Au total, 1700 $ ont été amassés lors de l’activité de l’associatio­n des Perséïdes, hier.

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Partis de l’université Laval, les marcheurs ont sillonné quelques rues de Sainte-foy en l’honneur des poupons partis trop vite.

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