Le Journal de Quebec

Payez aujourd’hui, recevez demain

- David Descôteaux david.descoteaux@quebecorme­dia.com

Il se pourrait bien qu’à l’automne le gouverneme­nt vienne piger encore un peu plus dans votre chèque de paye.

Ottawa prévoit bonifier son régime de pension public (RPC) – ce qui implique une hausse des cotisation­s des travailleu­rs – et Québec songe à suivre son exemple en bonifiant son propre régime, la RRQ. Le scénario n’est pas encore connu, mais une hausse du taux de cotisation à la RRQ est à prévoir. Ce taux est aujourd’hui établi à 10,8 %, payé moitié-moitié entre vous et votre employeur.

IMPACT

L’objectif paraît noble. Malheureus­ement, il n’y a rien de gratuit en ce bas monde.

L’an dernier, la FCEI calculait qu’advenant une hausse de 1,9 %, un jeune couple dont le revenu familial annuel s’élève à 100 000 $ verrait sa paye amputée de quelque 1800 $ par année.

Hausser les contributi­ons à la RRQ augmentera­it aussi les coûts pour les PME et ce serait l’équivalent d’imposer une nouvelle taxe sur la masse salariale des entreprise­s québécoise­s, déjà parmi les plus élevées au Canada.

Ayons aussi une pensée pour les travailleu­rs autonomes, véritables dindons de la farce sur le plan fiscal, qui doivent payer le plein taux (10,8 %) parce que le fisc les considère à la fois comme un employé et un patron!

Enfin, en «forçant» l’épargne, le gouverneme­nt risque du coup de réduire l’épargne volontaire des citoyens, comme les cotisation­s aux REER ou aux CELI – mauvaise nouvelle pour l’industrie financière.

Rappelons que, dans ce régime, en grande partie les jeunes payent la pension des vieux. Quand c’est à leur tour de prendre leur retraite, les jeunes qui viennent derrière eux payent et ainsi de suite.

Malheureus­ement, il n’y a rien de gratuit en ce bas monde

LE GROS DE LA FACTURE

Le régime a démarré dans les années 1960 en plein babyboom, mais les politicien­s qui se sont succédé ont toujours refusé de hausser les cotisation­s parce que ce n’était pas politiquem­ent rentable. Les jeunes travailleu­rs d’aujourd’hui ramassent donc le gros de la facture.

Les premiers bénéficiai­res du système payaient à peine 3,6 % en cotisation­s sur leur chèque de paye. Ils ont reçu leurs pleines prestation­s, certains après seulement 15 ans de travail. La génération suivante, dans les années 1990, payait encore 4,4 %. Les travailleu­rs actuels, si ça continue, devront cotiser autour de 13 % (selon ce que Québec décidera) toute leur vie active…

Cette éventuelle bonificati­on est une bonne nouvelle pour ceux qui sont incapables d’épargner. Mais si on veut diminuer les coûts du régime, ne devraiton pas hausser l’âge de la retraite en fonction de la hausse de l’espérance de vie, qui, elle, ne cesse d’augmenter?

Sinon, on ne fait que remettre le problème à plus tard… encore une fois.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada