Payez aujourd’hui, recevez demain
Il se pourrait bien qu’à l’automne le gouvernement vienne piger encore un peu plus dans votre chèque de paye.
Ottawa prévoit bonifier son régime de pension public (RPC) – ce qui implique une hausse des cotisations des travailleurs – et Québec songe à suivre son exemple en bonifiant son propre régime, la RRQ. Le scénario n’est pas encore connu, mais une hausse du taux de cotisation à la RRQ est à prévoir. Ce taux est aujourd’hui établi à 10,8 %, payé moitié-moitié entre vous et votre employeur.
IMPACT
L’objectif paraît noble. Malheureusement, il n’y a rien de gratuit en ce bas monde.
L’an dernier, la FCEI calculait qu’advenant une hausse de 1,9 %, un jeune couple dont le revenu familial annuel s’élève à 100 000 $ verrait sa paye amputée de quelque 1800 $ par année.
Hausser les contributions à la RRQ augmenterait aussi les coûts pour les PME et ce serait l’équivalent d’imposer une nouvelle taxe sur la masse salariale des entreprises québécoises, déjà parmi les plus élevées au Canada.
Ayons aussi une pensée pour les travailleurs autonomes, véritables dindons de la farce sur le plan fiscal, qui doivent payer le plein taux (10,8 %) parce que le fisc les considère à la fois comme un employé et un patron!
Enfin, en «forçant» l’épargne, le gouvernement risque du coup de réduire l’épargne volontaire des citoyens, comme les cotisations aux REER ou aux CELI – mauvaise nouvelle pour l’industrie financière.
Rappelons que, dans ce régime, en grande partie les jeunes payent la pension des vieux. Quand c’est à leur tour de prendre leur retraite, les jeunes qui viennent derrière eux payent et ainsi de suite.
Malheureusement, il n’y a rien de gratuit en ce bas monde
LE GROS DE LA FACTURE
Le régime a démarré dans les années 1960 en plein babyboom, mais les politiciens qui se sont succédé ont toujours refusé de hausser les cotisations parce que ce n’était pas politiquement rentable. Les jeunes travailleurs d’aujourd’hui ramassent donc le gros de la facture.
Les premiers bénéficiaires du système payaient à peine 3,6 % en cotisations sur leur chèque de paye. Ils ont reçu leurs pleines prestations, certains après seulement 15 ans de travail. La génération suivante, dans les années 1990, payait encore 4,4 %. Les travailleurs actuels, si ça continue, devront cotiser autour de 13 % (selon ce que Québec décidera) toute leur vie active…
Cette éventuelle bonification est une bonne nouvelle pour ceux qui sont incapables d’épargner. Mais si on veut diminuer les coûts du régime, ne devraiton pas hausser l’âge de la retraite en fonction de la hausse de l’espérance de vie, qui, elle, ne cesse d’augmenter?
Sinon, on ne fait que remettre le problème à plus tard… encore une fois.