Un Barbier très divertissant
Un Figaro charismatique, de beaux moments de jeu, de l’humour et une mise en scène intéressante, c’est un Barbier de Séville bien rendu et fort divertissant qui a pris l’affiche au Grand Théâtre de Québec.
L’opéra de Québec conclut sa 33e saison avec ce qui est considéré comme le chef d’oeuvre de Rossini.
Créé à Rome en 1816, Le Barbier de Séville raconte l’histoire du comte Almaviva, qui, avec l’aide du barbier Figaro, multiplie les manigances afin de pouvoir conquérir le coeur de Rosina.
Le duo doit agir rapidement, car le docteur Bartolo a l’intention d’épouser cette jeune orpheline, qu’il héberge.
Avec une oeuvre «semi-chantée» qui dure autour de deux heures trente, les risques de perdre l’attention du public sont présents, mais cette production du Pacific Opera Victoria, mise en scène par Morris Panych, tient bien la route.
Le baryton Armando Noguera, la mezzo-soprano Julie Boulianne et le ténor Antonio Figueroa livrent la marchandise.
Après une entrée un peu timide dans le rôle du comte Almaviva, Antonio Figueroa prend du coffre lorsqu’il se présente dans la peau du soldat ivre Lindoro.
Julie Boulianne accomplit, alliant habilement douceur et puissance, toutes les pirouettes vocales associées au rôle de Rosina.
Et que dire d’armando Noguera, qui, dans la peau de Figaro, s’impose, dès son arrivée sur les planches, avec le célèbre Largo al factotum.
L’argentin, devenu chouchou du public de Québec depuis son Danilo, dans La Veuve joyeuse, a une voix puissante, il excelle côté jeu et il a énormément de charisme. Et le public lui a démontré, avec raison, toute sa satisfaction en l’acclamant à la fin de la représentation.
TOUCHE SURRÉALISTE
Le barbier et homme à tout faire est l’élément central de cet opéra où l’humour est très gros à certains moments, mais sans que cela devienne trop ou agaçant.
Le baryton Peter Mcgillivray a du coffre dans la peau du docteur Bartolo et il livre de bons moments vocaux dans cette scène où il suspecte Rosina d’avoir écrit une lettre au comte Almavira. Le baryton-basse Jamie Offenbach est très théâtral dans le rôle de Basilio.
Le premier acte se termine avec un bel élément de mise en scène, un peu surréaliste, lorsque Figaro amène les Basilio, Berta, le comte Almaviva, le docteur Bartolo et Rosina, qui sont tous immobilisés, à reprendre vie et à chanter les uns après les autres, dirigeant ensuite leurs mouvements de tête.
Et très belle idée, après l’entracte, de relancer l’action avec la même scène qui avait conclu le premier acte.
Dirigé par le chef Timothy Vernon, l’orchestre symphonique de Québec a superbement rendu, comme c’est toujours le cas, la partition de Rossini.
Le Barbier de Séville est à nouveau présenté les 16, 18 et 20 mai, à 20 h, au Grand Théâtre de Québec.