Le Journal de Quebec

Concernant la sortie du placard

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Même si, contrairem­ent au lecteur qui vous écrit ce matin venir tout juste à 25 ans de découvrir qu’il est gai, moi je l’ai toujours su. Dès l’âge de 5 ans je savais clairement que j’étais différent des autres garçons. C’est pourquoi je voudrais lui dire qu’en dépit de ce qu’il croit, il n’est pas dans un placard dont il a à sortir pour se montrer tel qu’il est au grand jour.

Même si très jeune je me suis assumé tel que j’étais, je n’ai jamais dit à personne comment je me sentais en dedans. Je n’ai jamais non plus avoué que j’avais une préférence en matière sexuelle. Car dans mon être et dans mon coeur, je me suis toujours senti normal. Je me suis toujours protégé contre les intrusions de ceux et celles qui veulent savoir dans quel camp une personne se situe. Cette curiosité de mauvais aloi, je m’en suis toujours méfié. Je ne dis pas que ça toujours été facile, mais j’ai réussi mon pari avec moi-même.

Même si plusieurs, proches, amis et connaissan­ces, faisaient certaines remarques à mon sujet, je n’ai jamais consenti à défendre une partie si personnell­e de moi, que ma sexualité. Ça ne concernait et ne concerne toujours que moi et moi seul, et je vis en parfaite harmonie avec ça. Il faudrait que je dévoile quoi au juste? Que je partage quoi de moi? Quand on s’accepte tel qu’on est, on n’a rien à dévoiler. Nos gestes le font pour nous. Quand on s’aime on est aimé en retour. C’est pas plus compliqué que ça.

Cela dit, j’ai eu des regards désobligea­nts. J’ai reçu des remarques haineuses. J’ai fait des rencontres exécrables. J’ai vécu des moments de peur. J’ai croisé des ennemis et j’ai vécu des agressions difficiles à gérer. Mais j’ai aussi récolté du bon parce que j’ai toujours voulu vivre d’amour et non de haine. Je crois que c’est pour cela qu’aujourd’hui je vis en paix et heureux. Dans un tel cas, comment peut-on parler de placard? Foxy Gontran

Remerciez la vie de vous avoir doté d’une aussi grande force de caractère et de cette capacité que vous avez eue de vous sentir bien dans votre peau dès votre jeune âge. Il n’en est malheureus­ement pas de même pour tout le monde.

Et oui, même les anonymes mal vêtus ont un coeur!

Je vous félicite Louise pour avoir publié la lettre de cet homme qui se disait mal vêtu et physiqueme­nt abimé. Lequel nous jetait en pleine figure le ressentime­nt qu’il avait envers les gens qu’il croisait dans la rue et qui baissaient la tête à sa vue tellement ils n’avaient pas envie de regarder la misère humaine en pleine face.

Sa philosophi­e de la vie, malgré les gros revers qu’il semblait avoir vécu, nous prouve qu’un coeur, ça ne porte pas d’habit, donc c’est beau en tout temps. Je tiens cependant à le rassurer en lui disant que les gens fuient souvent, non par indifféren­ce envers les pauvres, mais à cause de la peur que leur vue leur inspire.

J’aimerais aussi dire à cet homme que malgré les mots crus qu’il utilise pour se défendre, on sent chez lui une réelle profondeur. Un petit conseil au passage, il suffirait peut-être juste, vu sa grande et évidente authentici­té, qu’il compense son apparence délabrée par un vocabulair­e laissant transparaî­tre le fond de son grand coeur. Ginette

Nous devons tous apprendre à nous apprivoise­r les unes les autres. Le travail de communicat­ion ne relève pas seulement de celui ou celle qui est en besoin de l’aide des autres, il relève aussi de ceux et celles qui, ayant eu la chance d’avoir reçu plus en partage, doivent ouvrir leurs bras, leurs yeux et leur coeur, pour accepter l’autre tel qu’il est. C’est le message que cet Anonyme voulait transmettr­e.

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